En 1960, Hollywood est encore sur le coup de la «liste noire» du macarthysme. Les artisans du cinéma ayant flirté avec le communisme sont devenus persona non grata dans les grands studios. Certains ont fait de la prison, plusieurs travaillent sous un nom d'emprunt.

Dans I Am Spartacus!, Kirk Douglas raconte comment il a été le premier à défier la liste, en engageant le scénariste «rouge» Dalton Trumbo pour le scénario de Spartacus. Ce geste audacieux aurait pu coûter cher à cette mégaproduction en technicolor. Mais Douglas a gagné son pari et Spartacus est devenu un classique absolu du style «péplum».

Plusieurs reprochent aujourd'hui à l'acteur de 96 ans de s'être attribué tous les mérites: dans les faits, il n'aurait pas été le seul - ni le premier - à désobéir aux consignes.

Malgré ses demi-vérités, I Am Spartacus! n'en demeure pas moins un témoignage captivant. Entre la toile de fond politique, les conflits d'ego (voir la distribution, monumentale) et son budget démesuré (12 millions, énorme pour l'époque), le tournage a été presque aussi épique que l'histoire qu'il raconte.

Spartacus a notamment révélé le tout jeune Stanley Kubrick, qui le reniera par la suite. Ses bras de fer avec Douglas (qui produisait, en plus de tenir la vedette) sont parmi les meilleurs moments du livre.

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I Am Spartacus!, Kirk Douglas, Capricci, 189 pages.