On connaît bien le cinéma iranien grâce à Une séparation, gagnant du meilleur film étranger aux Oscars de 2012. La littérature de ce pays, beaucoup moins.

Ce recueil de nouvelles du jeune auteur Hafez Khiyavi est un bon point de départ. Avec comme décor un gros village du nord-ouest de l'Iran, l'auteur aborde une foule de sujets tabous: les effets destructeurs de la guerre avec l'Irak, la répression de toute opinion non conforme au gouvernement, la révolte contre la religion. Comment en parler tout en échappant à la censure? Pas facile...

L'auteur passe par des non-dits et des airs faussement naïfs pour dire sa vérité. Un garçon veut faire le jeûne du ramadan, pas par sentiment religieux, mais pour s'approcher d'une belle cousine. Un homme se fait tireur d'élite dans l'armée par déception amoureuse, et apprend le dégoût de la guerre. Deux jeunes hommes, soudés par la souffrance, planifient la profanation du cadavre de l'oncle qui a abusé d'eux. Une femme de «mauvaise vie», ancienne beauté aujourd'hui rejetée par tous, s'exhibe sur la grand-rue du village pour révéler le nom de ceux qui ont profité d'elle.

Dans un monde de secrets, la vérité finit toujours par percer. Elle perce avec éclat dans ces nouvelles exotiques, mais proches de nous.

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Une cerise pour couper le jeûne

Hafez Khiyavi

Traduit par Stéphane A. Dudoignon

Serge Safran Éditeur, 183 pages