Le roman inachevé du Japonais Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature 1968, était inédit en français. Il vient d'être traduit par Hélène Morita, et on y retrouve l'univers de l'écrivain, qui s'est donné la mort en 1972.

Entièrement sous forme de dialogue, le texte est comme une petite musique obsédante. La mère et l'amant d'Inéko viennent de reconduire la jeune femme souffrant de «cécité sporadique devant le corps humain» dans un hôpital psychiatrique, qui a la particularité d'être entouré de pissenlits.

Sur le chemin du retour, ils parlent de la maladie d'Inéko, de la mort de son père qu'elle a vu tomber d'une falaise, de la pertinence de la faire soigner dans un asile. Et si ce n'était qu'un problème de nerf optique? se demande l'amant.

Ces sujets reviennent sans cesse, sous tous les angles, étayés de réflexions et de questionnements parfois surréalistes. Tout comme les personnages qui avouent avoir l'impression de tourner en rond, le récit semble sans issue.

Ceux qui connaissent et aiment l'oeuvre de Kawabata, connu comme l'écrivain de l'ambiguïté et du clair-obscur, apprécieront la virtuosité littéraire dont il fait preuve. Les autres lecteurs pourront avoir la tentation de décrocher.

Il vaut mieux commencer par des oeuvres comme Les belles endormies ou La danseuse d'Izu pour découvrir Kawabata.

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Les Pissenlits. Yasunari Kawabata. Albin Michel, 246 pages.