L'aventure survenue au début du XVIIIe siècle au marin écossais Alexandre Selkirk a fait couler beaucoup d'encre. D'abord celle de Daniel Defoe en 1719, avec son Robinson Crusoë, puis celle de Michel Tournier, en 1971, avec Vendredi ou la vie sauvage.

Patrick Chamoiseau ajoute sa pierre à l'édifice aujourd'hui avec cette variante sur la condition du civilisé abandonné sur une île sauvage. Son Robinson trouve une empreinte sur la plage, sans comprendre qu'il s'agit de la sienne.

Le voilà à la recherche de l'Autre, «tout l'ailleurs, le tout possible», si semblable à l'image du miroir. Chamoiseau construit son récit en parallèle avec l'histoire d'un capitaine dont on saisit l'importance à l'issue de l'ouvrage.

Sorte de parabole sur la condition humaine, alors que les Robinson que nous sommes en 2012 essaient (ou pas) de trouver un sens plus noble à l'existence collective sur Terre, ce long conte au souffle philosophique écrit avec application et créolité est souvent captivant et parfois déconcertant, les descriptions quasi oniriques finissant par se répéter.

Ceci dit, l'auteur de Biblique des derniers gestes publie là une réflexion intéressante sur l'homme, sa solitude, ses angoisses, son identité et le poids de la culture dans le «labyrinthe du vivre».

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L'empreinte à Crusoé. Patrick Chamoiseau. Gallimard. 258 pages.