François Barcelo a publié l'an dernier J'haïs le hockey, roman à l'humour noir décapant qui distillait un malaise certain.

Il exploite le même - excellent - filon avec J'haïs les bébés, dans lequel une quinquagénaire, enfermée dans une chambre d'hôtel miteux à Percé la veille de Noël, se retrouve avec son petit-fils sur les bras et décide de s'en débarrasser.

L'instinct maternel en prend pour son rhume dans ce roman mordant, dont l'antihéroïne, dénuée d'empathie, est aussi une loser qui n'arrive jamais à mener à terme ses projets - dans ce cas-ci, celui de trucider un poupon, parce qu'il est «dans l'intérêt de la société tout entière que cet enfant décède dans les plus brefs délais».

La force de Barcelo est de mettre en scène le pire - la pédophilie dans J'haïs le hockey, l'infanticide dans J'haïs les bébés -, mais de donner à ses personnages une naïveté et une inconscience qui créent un constant décalage entre l'action et leurs pensées.

Que Viviane tente de lancer le bébé dans l'eau glacée du fleuve ou qu'elle fasse cuire un chat au micro-ondes, le ton reste toujours distant et léger.

On pourrait reprocher à l'auteur une légère tentative de rédemption, mais avec sa logique implacable, J'haïs les bébés finit mal et c'est tant mieux.

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J'haïs les bébés. François Barcelo. Coups de tête. 144 pages.