Henrietta Lacks est morte d'un cancer foudroyant en 1951, à l'âge de 31 ans. On ne parlerait plus d'elle aujourd'hui si ses cellules, prélevées à son insu, n'étaient devenues un des outils les plus précieux de la médecine moderne.

Malgré elle, cette femme noire et pauvre de Baltimore a contribué à la mise au point du vaccin contre la polio, au décryptage des tumeurs et des virus, à la mesure des effets de la bombe atomique (!) et à des avancées dans le domaine de la génétique et du clonage.

Dans cette biographie peu orthodoxe, la journaliste Rebecca Skloot nous raconte le destin exceptionnel de ces cellules cancéreuses (qui avaient la particularité de se régénérer à l'infini), mais aussi celui des héritiers d'Henrietta Lacks, victimes collatérales d'une révolution scientifique qui profita à tout le monde sauf à eux.

Ce portrait de famille dysfonctionnelle, rendue méfiante par les abus et le manque d'éducation est, à n'en pas douter, ce qui distingue La vie immortelle... du strict travail d'enquête et vulgarisation.

Rebecca Skloot ne nous invite pas seulement à réfléchir aux enjeux éthiques et financiers de la recherche médicale, mais aussi au «facteur humain», que l'on ignore trop souvent en laboratoire. Bref, elle donne un coeur à ces cellules.

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La vie immortelle d'Henrietta Lacks. Rebecca Skloot. Calmann-Lévy, 448 pages, 29,95 $.