Lorsque Rose McGowan se fait mordre, elle sait mordre en retour. Fidèle au ton coup-de-poing de son autobiographie Brave, l'actrice a procédé, hier soir à Manhattan, au lancement grand public de son ouvrage, dans une ambiance houleuse et chargée d'émotion.

L'actrice de 44 ans, qui a été la première femme à dénoncer publiquement les comportements déplacés de Harvey Weinstein, est arrivée avec une heure de retard à la célèbre librairie Barnes & Noble de Union Square, où des centaines de supporteurs l'attendaient avec impatience.

Constatant qu'elle était réfugiée derrière une rangée de livres depuis quelques minutes, la foule a commencé à scander son nom, puis des photographes de presse exaspérés lui ont crié de se dépêcher.

«Je prends mon putain de temps... Calmez-vous les nerfs», a-t-elle crié, en dissimulant son visage derrière la couverture de son livre lors de la séance de prise d'images.

Échanges musclés

Quelques minutes après qu'elle fut montée sur scène, une femme transgenre s'est levée dans l'assistance pour lui reprocher avec véhémence de ne pas appuyer sa communauté. «Féminisme raciste!», lui a crié cette femme, ce qui a fait fulminer la star.

«Fermez-la [shut the fuck up], je sais ce que j'ai fait, bordel de Dieu. Ça me fâche qu'on mette cette merde sur moi parce j'ai un vagin», a-t-elle hurlé. «Vous devriez être reconnaissants de ce que j'ai fait pour le monde», ponctuant sa tirade de quelques jurons supplémentaires («You should be fucking grateful of what I do for the fucking world»).

La protestataire a ensuite été escortée par la sécurité sous les applaudissements nourris de la foule, composée d'hommes et de femmes à parts égales.

Plutôt que de répondre aux questions du public comme prévu, Rose McGowan a ensuite lu les premiers chapitres de son livre d'une voix douce qui tranchait avec l'ambiance houleuse du début de la soirée. Vêtue d'un chandail à capuchon orange fluorescent comme le titre de son livre, elle a essuyé des larmes en parlant de ses expériences à Hollywood qui l'ont fait sentir comme une femme-objet.

Survivantes d'agressions dans la salle

Dans la foule, Pepper Lewis a crié à quelques reprises «nous t'aimons, Rose» pour appuyer la star.

«J'ai aussi une histoire #metoo et je peux m'identifier à la colère qui l'habite, a-t-elle raconté après l'événement. J'ai eu une enfance difficile et j'ai subi un viol il y a trois ans. J'ai porté plainte. Rien n'est arrivé, mais j'ai toujours ma voix. Comme Rose, j'aimerais, moi aussi, écrire mes mémoires.»

Annie O'Leary, une étudiante de 22 ans, tenait à assister au lancement pour témoigner de son soutien envers l'actrice. «C'est une femme intense, a-t-elle convenu. Mais souvent, lorsque les femmes ne sont pas soumises, elles ne sont pas traitées avec respect. Elle a mis des mots sur ce que nous vivons toutes en tant que femmes.»

Brian Clark, fan de longue date de l'actrice, a aussi voulu lui marquer son appui. «C'était important pour moi aujourd'hui d'appuyer cette grande pionnière. Les hommes aussi doivent se lever pour dire que [la violence sexuelle], ce n'est pas acceptable.»