Comédien et auteur originaire de Québec, Steve Gagnon s'est fait connaître du grand public en incarnant Michaël, le frère d'Ariane (Mélissa Désormeaux-Poulin), dans la série Ruptures. Celui qui a publié l'an dernier l'essai Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles, pertinente réflexion sur l'état de l'homme, joue en ce moment dans le classique scandinave Peer Gynt, au Théâtre de Quat'Sous jusqu'au 19 février. Il nous a parlé de sa vie en livres.

Le livre qui a changé votre vie?

«Du mercure sous la langue, de Sylvain Trudel. C'est mon premier contact avec une langue poétique. Quand j'ai lu ce livre, jamais je n'avais été touché autant par les mots. Les personnages de Sylvain Trudel sont toujours portés par une quête spirituelle rare et magnifique. Sa langue à la fois poétique et quotidienne et ses personnages simples, humbles et plus grands que nature m'ont toujours inspiré et ont encore une grande influence dans mon oeuvre.»

Le livre qui est sur votre table de chevet en ce moment?

«Le centre du monde, d'Emmanuelle Walter. Je suis un allochtone très préoccupé par la réalité autochtone, par nos relations avec les Premières Nations. On ignore tout du passé, nous sommes remplis de préjugés, nous nions nos responsabilités dans ce gâchis, malheureusement; pour oublier notre culpabilité, nous avons tourné le dos à ces cultures, nous nous sommes désintéressés. Comme c'est souvent le cas, c'est notre ignorance aujourd'hui qui crée la méfiance, le manque de compassion, le mépris. Il faut s'instruire. Il faut être curieux.»

Le livre que vous relisez tout le temps?

«Mes ancêtres reviendront de la guerre, de François Guerrette. Je suis un grand lecteur de poésie québécoise. J'essaie le plus possible de lire tout ce qui se publie. Parmi les choses les plus bouleversantes que j'ai lues, il y a ce recueil que François Guerrette a publié il y a près de deux ans. Ça me soulève le coeur. La langue est grave, mais c'est rempli de lumière, de férocité. Ça nous apprend à ne rien abandonner, à nous battre contre les catastrophes qui se pointent devant, à refuser la noirceur ambiante. Ça nous apprend à vouloir tout recommencer. J'ai dû l'acheter 30 fois depuis, pour l'offrir à des amis. Je pense qu'on devrait tous l'avoir dans son sac.»

Le livre que vous n'avez jamais lu et vous ne savez pas pourquoi?

«J'ai lu tous les tomes de la saga Harry Potter, sauf le dernier. Ça choque ma copine, qui ne comprend pas pourquoi je m'obstine à ne pas le lire. Je déteste quand les belles choses finissent. D'ailleurs, je lis rarement la fin des livres, la plupart du temps je m'arrête une vingtaine de pages avant la fin, surtout quand il s'agit de longs romans. Je viens de "terminer" City on Fire, roman de plus de 1000 pages. Je n'ai pas lu le dernier chapitre. J'ai été plongé pendant plusieurs semaines dans un univers précis, et j'aime l'idée d'en sortir de mon propre chef, avant que ça se finisse définitivement. Ouais, c'est très étrange, je le sais.»

Ce que vous avez l'intention de lire cet hiver?

«L'histoire de l'amour, de Nicole Krauss. Les voies de la disparition de Mélissa Verreault. J'attends aussi avec impatience la traduction française du nouveau roman de Jonathan Safran Foer, Here I Am. À Noël, j'ai reçu S'enfuir, de Guy Delisle, c'est probablement ma prochaine lecture. Aussi La bête à sa mère et La bête et sa cage de David Goudreault, j'en entends beaucoup de bien. Je suis certain d'aimer ça.»