Durant l'été, nous revenons sur des livres qui ont marqué leur époque.

Le livre

Publié chez Gallimard en 1966, pressenti pour le prestigieux Prix Goncourt, L'avalée des avalés est un immense succès dès sa sortie. «C'était un ovni dans le paysage littéraire québécois et dans toute la littérature de langue française, note Marie-Andrée Beaudet, écrivaine et professeure de littérature à l'Université Laval. Ducharme avait un style extraordinaire, des images très poétiques. Le personnage de Bérénice inventait un monde qui parle encore très fort aux jeunes d'aujourd'hui. Ils se reconnaissent dans la révolte de Bérénice. À chaque génération, il y a une nouvelle fascination qui revient pour ce livre.»

Le monde

Dans L'avalée des avalés, Réjean Ducharme rompt avec la tradition du roman du terroir et fait exploser les frontières. «On retient toujours la dimension de la révolte dans L'avalée, note Marie-Andrée Beaudet, mais il y a toute cette dimension internationale à une époque, le milieu des années 60, où les Québécois ne voyageaient pas beaucoup. Bérénice, fille d'un juif et d'une catholique, se rend à New York et en Israël. Elle vit des choses extraordinaires, son monde éclate. Pour toutes ces raisons, ce livre a marqué l'histoire. Encore aujourd'hui, on l'ouvre, on lit un passage et c'est extraordinaire. Difficile de ne pas tomber dans une paralysie admirative.»

Le mystère Ducharme

Réjean Ducharme a vécu en ermite toute sa vie. Il existe très peu de photos de lui, et les médias utilisent toujours le même cliché en noir et blanc même s'il n'est plus fidèle à la réalité puisque l'écrivain fêtait ses 75 ans vendredi dernier. On dit qu'il habite toujours le même quartier dans le sud-ouest de Montréal. Très peu de gens l'ont côtoyé. Son éditeur français ne l'a jamais rencontré physiquement. Jusqu'à son décès il y a deux mois, c'était sa compagne et muse, Claire Richard, qui était son lien avec l'extérieur.

Léolo

«Parce que moi je rêve, moi je ne le suis pas», récite la belle voix de Gilbert Sicotte dans le film Léolo. Le cinéaste Jean-Claude Lauzon s'est en partie inspiré de L'avalée des avalés de Ducharme, ainsi que de sa propre enfance dans une famille dysfonctionnelle, pour faire son film qui est paru en 1992 et qui a remporté un succès international. Réjean Ducharme lui-même a collaboré à deux scénarios de film: Les bons débarras (1980) et Les beaux souvenirs (1981), tous deux réalisés par Francis Mankiewicz. Ducharme a également écrit des chansons pour Robert Charlebois et Pauline Julien.

L'anniversaire

L'avalée des avalés aura 50 ans en septembre. Pour l'occasion, un groupe de citoyens de la municipalité de Saint-Ignace-de-Loyola, la région d'origine de Réjean Ducharme, planifie un événement. La fête aura lieu le 17 septembre à l'église de Saint-Ignace-de-Loyola, pas très loin de la maison où l'écrivain a grandi. Plusieurs artistes de la région s'inspireront du roman pour créer des oeuvres. Plusieurs disciplines - sculpture, peinture, art numérique, installations scénographiques, «street art» - rendront hommage au célèbre roman et à son auteur, lui-même sculpteur à ses heures sous le nom d'artiste Roch Plante.

IMAGE FOURNIE PAR GALLIMARD

L’avalée des avalés, de Réjean Ducharme