Zola. Samuel de Champlain et d'autres grands voyageurs. Gilles Lipovetsky l'hypermoderne. Et là, un how-to sur Comment gérer les personnalités difficiles. Nathalie Bondil a de vastes intérêts de lecture, comme ont pu le constater hier soir à la Grande Bibliothèque ceux et celles qui ont assisté à l'intéressant entretien auquel la présidente et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal a participé avec Guy Berthiaume, son homologue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, dans la cadre de la série La bibliothèque de...

«Maintenant, je lis surtout des essais, mais mon mari est un lecteur boulimique aussi mais de romans: ça fait de belles conversations...»

Quand Nathalie Bondil, pur produit de la grande société française hyperhiérarchisée, est arrivée au Québec il y a 14 ans, elle avait déjà lu Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay: «Je ne savais pas encore que j'allais venir ici... Tremblay, un humaniste, m'a fait découvrir le joual et cette façon bien québécoise de se raconter sans avoir l'air de la faire».

Une fois arrivée, la future patronne du MBAM a voulu «s'approprier l'Amérique», toute l'Amérique, de celle de Samuel de Champlain dont elle apprécie dans ses Oeuvres «l'esprit de justice» jusqu'aux civilisations préhispaniques de l'Amérique du Sud comme les royaumes du Pérou, qui font présentement l'objet d'une exposition à son musée.

Du siècle présent, elle a lu et apprécié De la culture en Amérique de Frédéric Martel (2006), ancien attaché culturel de la République française à Washington: «En prenant le contre-pied de la façon française où l'État est au centre de la culture, Martel, en explorant le mécénat culturel à l'américaine, fait tomber bien des préjugés. Un livre très fort qui m'a rappelé que le Québec a la chance d'être au confluent de toutes ces traditions: française, américaine et britannique, une approche qui nous a donné les conseils des arts.»

Ailleurs dans sa bibliothèque on retrouve... tout Zola. «J'aime Zola parce qu'il a été un diffuseur d'art moderne - le peintre Cézanne, entre autres, apparaît dans l'un de ses romans -, mais surtout parce qu'il a décrit avec justesse et sans fard, une société qui portait la nôtre en son sein.»

Et Gilles Lipovetsky, son favori, dans Les temps hypermodernes (2004): «Ce philosophe me donne beaucoup de clés pour m'expliquer la société autrement que par les polarisations classiques comme le marxisme. Lipovetsky parle de médias et de mode, et il m'a probablement menée à faire entrer la mode au musée, avec Saint Laurent et Gaultier. La mode est une expression de la société, mais aussi le fait d'imaginaires créateurs très forts».

Comme Nathalie Bondil...