Le lauréat du prix Nobel de littérature 2012, l'écrivain chinois Mo Yan, a soutenu jeudi du bout des lèvres le prix Nobel de la paix 2010 Liu Xiaobo, emprisonné en Chine.

«J'ai déjà exprimé mon opinion sur ce sujet», a déclaré Mo Yan, interrogé au cours d'une conférence de presse à Stockholm sur son soutien en octobre à une libération de Liu Xiaobo.

«J'espère qu'il va pouvoir recouvrer la liberté aussi vite que possible», avait déclaré le romancier lors d'une conférence de presse.

Alors qu'on lui demandait pourquoi il avait formulé ce souhait au lendemain de l'annonce du Nobel de littérature, Mo Yan, visiblement réticent à s'étendre sur la question, avait répondu: «Nous laisserons au temps le soin d'en juger».

Liu, écrivain lui aussi, purge depuis 2009 une peine de 11 ans de réclusion pour «subversion» après avoir corédigé un texte en faveur de l'instauration de la démocratie en Chine.

Mo Yan, 57 ans, est le premier écrivain chinois à avoir reçu le Nobel de littérature, mais le deuxième de langue chinoise après Gao Xingjian, dissident naturalisé français en 1997 qui avait été récompensé en 2000.

Les médias officiels chinois ont fait de Mo Yan un héros pour son prix Nobel, contrairement à Gao Xingjian et Liu Xiaobo, complètement ignorés.

Mo Yan a été critiqué par d'autres écrivains chinois pour son manque de soutien à des auteurs dissidents et sa proximité avec le régime de Pékin.

Jeudi à Stockholm, il a minimisé l'importance de la censure en Chine.

«Savoir s'il y a une liberté d'expression en Chine, c'est une question difficile», a-t-il dit, conseillant d'«aller sur Internet et de regarder les sites chinois» avant de se forger une opinion.

Se disant contre la censure, il a estimé qu'elle existait «dans tous les pays du monde». Selon lui, «la seule différence c'est le degré».

Il a plaidé en faveur d'une forme de censure qui empêche l'insulte. «Je ne pense pas que cela devrait être autorisé dans quelque pays que ce soit», a-t-il expliqué.

Il a considéré que la censure n'empêchait pas la créativité: «le principal, c'est qu'un auteur se sente libre dans son for intérieur».

Mo Yan, qui était déjà l'un des écrivains les plus reconnus dans son pays, a raconté que sa notoriété s'était accrue, et qu'il en avait été conscient avec le nombre de journalistes venus devant chez lui après l'annonce du prix. Mais il a déploré que ceux-ci connaissent très mal son oeuvre.

Il a dit avoir gagné des fans. «Il y a quelques jours alors que je roulais à vélo à Pékin, quelques jeunes filles m'ont pourchassé pour prendre des photos avec moi», a-t-il rapporté.

Il a par ailleurs contesté les conclusions d'un classement faisant de lui le deuxième auteur chinois le mieux payé, avec des revenus de 21,5 millions de yuans (3,5 millions $) cette année.

«J'ai vérifié sur mon compte en banque. Ce n'est pas autant que ça», a-t-il déclaré.