Les deux premiers opus du Bourbon Kid - ou d'Anonyme, c'est selon - sont difficilement classables d'un point de vue littéraire. Polar, thriller, western fantastique, Le livre sans nom et L'oeil de la lune sont tout cela à la fois.

Leur auteur a brillamment créé un récit haletant dont on tourne les pages aussi rapidement que les balles sifflent. Car autant le savoir avant de s'asseoir au comptoir: on a droit à énormément d'hémoglobine, à beaucoup d'alcool et à un peu de sexe. Dans un style particulièrement dynamique, très épuré et fort simple. Trop, selon certains puristes. Surtout dans le deuxième tome.

Qu'à cela ne tienne, l'auteur nous tient en haleine, l'intrigue est réussie. Le premier bouquin est tout simplement déjanté. Il nous surprend initialement, mais nous séduit rapidement. Il est un excellent prélude à L'oeil de la lune qui, lui, nous trimballe dans le temps et l'espace. Avec (presque) la même efficacité.

Dans le premier livre, comme dans le deuxième, le décor est simplement planté: une petite ville obscure dans un coin perdu d'Amérique latine. On s'entredéchire pour un bouquin et pour une pierre, sur fond de soirée d'Halloween d'abord, parmi les gangs de vampires ensuite. Ne cherchez pas midi à quatorze heures, suivez le Kid. Vous serez servi et en aurez largement pour votre argent.

Le troisième volet, Le cimetière du diable, est attendu le mois prochain dans la francophonie (fin juin au Québec), où les deux premiers se sont écoulés à 130 000 exemplaires.

«Je savais que les livres avaient un potentiel, mais je ne m'attendais pas à ce qu'ils deviennent populaires dans le monde. Quand j'ai commencé à rendre le premier disponible sur le Net, il s'en est vendu 34 exemplaires en un mois. J'en étais satisfait à l'époque. Je ne sais pas exactement combien d'exemplaires se sont vendus, mais cela approche le million dans le monde», nous confie l'auteur, qui travaille sur un projet complètement différent. De manière anonyme, cela s'entend.