Ce n'est pas avec Le symbole perdu (en librairie aujourd'hui) que Dan Brown va se gagner des fans parmi les gens qui ont levé le nez sur Da Vinci Code (et, probablement, sur Anges et démons). Il fera par contre la joie de ceux qui plongent avec passion dans les aventures de Robert Langdon.

Et ce, même s'ils connaissent à présent la recette et même si rien de ce qui est mis au jour dans Le symbole perdu n'est aussi provocant que les questions abordées dans Da Vinci Code. En effet, que l'on prenne ou pas au sérieux les «révélations» faites par Dan Brown, les références utilisées dans Da Vinci Code sont familières à tous. D'où le sentiment de proximité, l'impression de compréhension et le désir de débattre suscité par ce best-seller.

 

Le tout, alimenté par la façon «brownienne» d'enrober la fiction de théories scientifiques (ou apparaissant comme telles), de chiffres et de données «factuelles» pouvant laisser croire qu'elle n'est pas, justement, que fiction. Au point, d'ailleurs, où les personnages du romancier, pour parvenir à livrer toutes ces informations, parlent parfois comme des encyclopédies ou des guides touristiques.

Ça peut agacer certains. D'autres se laissent entraîner, appréciant ce sentiment d'apprendre quelque chose.

Après Rome et Paris, c'est Washington D.C. qui sert de toile de fond au récit. Après Les Illuminati et l'Opus Dei, ce sont les francs-maçons (plus fascinants que menaçants, par contre) qui sont au centre de l'enquête du professeur Robert Langdon. Après les statues du Bernin et La Joconde et La Cène de Léonard de Vinci, c'est La mélancolie d'Albrecht Dürer qui campe le volet «art» de l'intrigue. Quant au méchant, bien typé comme d'habitude (on se souvient du moine albinos auto-flagellateur de Da Vinci Code), c'est ici un type épilé et tatoué de pied en cap.

Enfin, les représentants des forces de l'ordre sont, encore une fois, colorés, tordus et pas nets. Et, partout où passe Langdon se trouvent des indices comme autant de codes qu'il aura à déchiffrer.

Bref, on est en terrain connu.

Sauf que pour une fois, Robert Langdon n'aura pas à souffrir du décalage horaire: il est chez lui, à Boston, quand son mentor, Peter Solomon, lui demande de venir le remplacer au pied levé pour donner une conférence le soir même au Capitole. Là, l'attend une macabre découverte: la main de son ami, tranchée à hauteur du poignet, tatouée, les doigts placés dans une position qui, pour le spécialiste en symbologie religieuse, signifie beaucoup plus que pour les policiers envoyés sur les lieux. Ça, et le fait que Peter Solomon, il le sait, est un franc-maçon de haut grade.

Commence une course contre la montre pour sauver une vie... et peut-être plus. Ce, dans une atmosphère plus confinée que dans les romans précédents (on passe d'un lieu à l'autre par des souterrains, en courant, pas de déplacements en bagnole ou en avion supersonique, ici). Les obstacles sont surmontés grâce aux déductions de Robert Langdon (qui en sait trop sur tout, non?) et à la complicité du «gars des vues» (ô les coïncidences qui se multiplient!).

Reste qu'avec ces chapitres courts qui nous laissent en plan face à une situation pour passer à une autre et revenir ensuite là où nous attendait tel personnage bien mal pris, malgré une finale qui est «trop» et cette impression que l'on veut absolument nous faire croire que nous sommes ici en présence de «bien plus que de la simple fiction», Le symbole perdu est un «page-turner» qu'il est impossible de poser en cours de lecture.

LE SYMBOLE PERDU

Dan Brown

(traduction de Dominique Defert et Alexandre Boldrini)

JC LATTÈS, 595 pages, 34,95$

*** 1/2