Mai venu, Toronto aura perdu la seule librairie française qui dessert les 100 000 francophones de la métropole du Canada. Dans sa 50e année d'existence, la librairie Champlain fermera effectivement ses portes le 30 avril, a annoncé L'Express, «l'hebdo des francophones du Grand Toronto».

La Librairie Champlain - «A French Bookstore» installé rue Queen - est en exploitation depuis 1960 et c'est Marcel Arsenault, le fils de Charles, le fondateur, qui mettra la clé dans la porte à la fin du mois.

«Dans une société réduite comme la nôtre, une librairie représente plus que la place d'affaires d'un marchand de livres», nous disait hier Jean Malavoy, directeur général de l'Association des auteurs de l'Ontario français (165 membres) et, à ce titre, membre de la Table de concertation du livre franco-ontarien où l'on déplore cette perte «énorme».

La librairie Champlain ferme parce que les bibliothèques et les commissions scolaires françaises de Toronto s'approvisionnent désormais auprès des gros distributeurs, à même d'offrir d'alléchants rabais, ou achètent sur l'internet. Au Québec, ce problème ne se pose plus depuis que la loi 51 oblige les institutions à s'approvisionner chez des libraires accrédités.

Soulignant que le Nouveau-Brunswick a aussi une politique du livre depuis 2007, M. Malavoy avance que les 500 000 Franco-ontariens - 5% de la population -, sans réclamer une loi, pourraient s'arranger avec des protocoles d'entente entre l'industrie du livre et les divers paliers de gouvernement: «Il n'y a aucune résistance politique au fait français à Toronto.»

Entre-temps, l'Ontario français n'aura plus que sept librairies: quatre à Ottawa, deux à Sudbury et une à Hearst. La librairie Champlain, du nom du fondateur de Québec, était la seule au sud d'Ottawa, la capitale du pays réputé bilingue qu'est le Canada.