Belle et bonne histoire drôle! Il fallait un Anglais pour d'abord oser l'imaginer puis la raconter sans faiblir, sans tenir compte de ce qu'en-dira-t-on que pourtant tout Anglais craint. Dit-on. On en est moins sûr, à la lecture... Donc, il était une fois un honorable professeur nommé Alfred Fatigay vivant à Boboma, Congo, en compagnie d'Émilie, un chimpanzé femelle au Q.I. étonnant et à la très grande sensibilité. Seulement à titre de renseignement: Émilie comprend beaucoup de mots que Fatigay écrit au tableau noir, elle s'évanouit à certains récits... Surtout, elle tombe en amour avec Alfred.

Mais les meilleures choses ayant une fin, même au Congo, voilà que Fatigay doit quitter Boboma pour rentrer à Londres. Il sera accompagné par Émilie. Ce n'est pas la surprise seulement, c'est la catastrophe. Car le professeur est fiancé, avec l'une de ces mégères que seul un Shakespeare pouvait imaginer apprivoisées. Elle se nomme Amy, elle est belle, certes, mais elle ne pense qu'à elle, elle crie aux oreilles sensibles d'Alfred (et d'Émilie), elle retarde de façon sauvage la date de l'éventuel mariage pourtant promis. C'est la guerre.

 

Qui peut bien être cette Émilie? L'Afrique désemparée par l'Europe qui l'affole? Quelqu'un surgi des temps anciens et plongé soudain dans une modernité hostile? Une femelle qui aurait les réactions d'une vraie femme dans un monde macho? Allez savoir. Cet auteur, John Collier, est un joyeux luron, mais plus rusé qu'il n'y paraît.

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LE MARI DE LA GUENON

JOHN COLLIER

Robert Laffont, 331 pages, 13,95$

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