Monique de Gramont (Adam, Ève et...) s'intéresse cette fois à la double névrose, celle de jumeaux qui se sont mutuellement piégés dans un «combat gémellaire». Samuel, jeune psychiatre de l'institut Philippe-Pinel, reçoit tout d'abord Carroll, dandy fascinant à la verve spectaculaire. Mais c'est en rencontrant sa soeur Carina que le médecin sombre bientôt dans l'onde maléfique de cette étrange bête à deux têtes qui s'est alimentée de sa propre haine.

L'idée fort intéressante d'une psychose simultanée chez des jumeaux (psychose née d'un profond sentiment d'injustice) reste malheureusement mal servie par la forme. L'auteure choisit de privilégier les soliloques, ce qui alourdit la lecture. Les conclusions psychanalytiques de son protagoniste principal demeurent pour le simple lecteur beaucoup moins intéressantes que l'intrigue en elle-même. Ainsi, les contre-transferts et autres technicités apparaissent bien fades à côté des flamboyants personnages qu'elle nous présente.

 

Toutefois, le roman pose plusieurs questions intéressantes, dont celle du charme pris dans son sens premier. Ici, les personnalités de Carina et Carroll envoûtent réellement Samuel qui, à son insu, trouble au plus haut point son chef de département. Éros fait bien sûr toujours danser sur les braises, jouant avec notre raison et fragilisant le fil qui nous relie au bon sens. Le désir est-il seul responsable de ce sortilège?

**1/2

Le piège à fou

Monique de Gramont


Hurtubise HMH

404 pages, 22,95$