Changer de fournisseur peut être lourd de conséquences pour une PME. Les méthodes de fabrication peuvent changer, tout comme les délais de livraison. Raymond Routhier, président de Rangement Spacer, vit présentement cette transition. Il déplace peu à peu ses commandes vers un nouveau fournisseur et nous explique comment ce geste s'imbrique à sa stratégie de croissance.

C'est en 2008, en pleine crise économique, que Raymond Routhier s'est lancé en affaires. Fort d'une expérience de plus de 20 ans comme manufacturier de solutions de rangement pour la maison, il se tourne alors du côté du commerce de détail et fonde Rangement Spacer.

L'entreprise propose depuis à ses clients une gamme de produits pour maximiser l'utilisation de l'espace dans les résidences. Tout s'y trouve, des tablettes de placards aux lits escamotables en passant par les solutions de rangement pour le garage. Le tout préparé sur mesure dans l'arrière-boutique.

«Nos clients n'ont pas des besoins identiques, alors on fait le design des produits et on offre aussi l'installation», précise Raymond Routhier.

Par la force des choses, sa position de détaillant l'a évidemment conduit à s'entourer d'une constellation de fournisseurs, tant locaux qu'étrangers. Parmi eux, il y en a un majeur, un géant américain de la fabrication de panneaux de mélamine.

Rangement Spacer fait affaire avec lui depuis ses débuts, mais la situation est en train de changer.

La raison? Le taux de change. Le dollar canadien, qui s'échangeait au pair en 2008, ne vaut plus que 82 cents US ces jours-ci. «C'était en train de nous tuer», souligne d'ailleurs le principal intéressé lorsqu'on aborde le sujet avec lui.

S'il en parle au passé, c'est que Raymond Routhier a entrepris de réduire les effets du taux de change sur ses coûts d'approvisionnement en se tournant vers un fournisseur local. Et la solution qu'il a dénichée semble prometteuse de bien des façons.

Une occasion en or

Cette solution, elle lui est venue d'une entreprise d'ébénisterie de la région de Québec en proie à quelques difficultés. «Elle a perdu deux gros clients, dit Raymond Routhier, et on a évalué qu'on pourrait la faire survivre avec le volume de nos commandes.»

La transition se fait en douceur depuis quelques mois, Rangement Spacer confiant un type de produit à la fois à son nouveau partenaire.

Et l'histoire pourrait avoir une tournure encore plus intéressante d'ici trois ans. C'est que Raymond Routhier détient une option d'achat sur ce fournisseur. Une option qui lui permettrait éventuellement de contrôler à la fois les étapes de fabrication et de vente de ses produits.

«En attendant, ce qu'on veut surtout, c'est répliquer le concept de nos magasins de Québec et de Laval, indique-t-il. En augmentant nos volumes, ça pourrait devenir très intéressant.»

Mais avant d'en arriver là, ce dernier constate déjà les bons côtés de sa décision de passer des commandes à un nouveau fournisseur.

«En plus de nous permettre d'éviter le taux de change, il est tout près de nous et peut nous fournir de la variété et de la flexibilité», explique Raymond Routhier.

«Ça nous permet aussi d'assurer notre sécurité: si le fournisseur américain décide demain de vendre directement aux consommateurs, on ne sera pas mal pris.»

Cela dit, Rangement Spacer conservera un lien d'affaires avec son fournisseur américain. Raymond Routhier insiste pour dire qu'il était «très bon».

Mais par sa décision de rapprocher une partie de sa production, il est convaincu d'avoir pris la bonne décision.

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RANGEMENT SPACER

LE PORTRAIT

Entreprise: Rangement Spacer

Année de fondation: 2008

Nombre d'employés: 15

Fondateur: Raymond Routhier

Copropriétaires: Raymond Routhier et Philip-André Routhier

Secteur: Vente au détail de solutions de rangement

Sites web: https://www.rangementspacer.com/fr/

LE DÉFI

Avec la dévaluation du dollar canadien par rapport à la devise américaine, Rangement Spacer délaisse peu à peu un important fournisseur américain.

LA SOLUTION

L'entreprise fait maintenant ses achats chez un fournisseur local avec lequel elle pourrait entièrement fusionner ses activités d'ici trois ans.