Lorsqu'il s'est inscrit à une maîtrise en énergies renouvelables, Pierre Blanchet voulait sauver la planète.

Quelques années plus tard, avec ses collaborateurs Gilles Trottier et Denis Bastien, il s'apprête à commercialiser une petite hydrolienne qui pourra remplacer des génératrices bruyantes et polluantes. Et qui sera recyclable à 90%.

«Il existe une cinquantaine de projets d'hydroliennes, mais nous, nous sommes dans la catégorie de la petite énergie renouvelable pour les résidences», explique-t-il au cours d'une entrevue dans les bureaux d'Idénergie.

La petite entreprise fondée par les trois hommes vise les résidences secondaires situées loin des réseaux de distribution électriques et près d'un cours d'eau rapide, ou encore les petites communautés éloignées qui pourraient utiliser les hydroliennes en réseau.

«J'étais en Inde il y a un mois. C'est là-dessus qu'ils ont allumé», raconte M. Blanchet, président d'Idénergie.

Ces communautés rurales peuvent utiliser l'énergie solaire. Le problème, c'est que la mousson peut durer de trois à six mois et que le soleil se fait alors plus rare. Or, pendant la mousson, les rivières sont plus puissantes et se prêtent alors très bien à l'installation d'hydroliennes.

«Le premier marché, ce sera l'Amérique du Nord - les maisons qui ne sont pas reliées au réseau, les pourvoiries, l'écotourisme -, mais le Klondike, ce sera dans les pays en émergence qui n'ont pas encore de réseaux électriques et qui n'en construiront probablement pas», indique M. Blanchet.

Idénergie voit l'énergie solaire comme un compétiteur, mais elle estime que les deux types d'énergie, la solaire et l'hydrolienne, peuvent être complémentaires.

«L'idée, c'est d'avoir une installation qui est semblable au solaire afin de pouvoir se brancher à ce type de réseau», indique Gilles Trottier, vice-président à la production d'Idénergie.

L'énergie éolienne aussi

La petite entreprise lorgne aussi du côté du marché de l'énergie éolienne. En effet, le convertisseur qu'Idénergie a développé avec l'École de technologie supérieure (ETS) pour son hydrolienne pourrait très bien remplacer ce qui existe actuellement pour les installations résidentielles d'éoliennes, beaucoup moins efficace.

«Des éoliennes pour les résidences, il s'en installe 11 000 par année dans le monde, dont 4000 en Amérique du Nord, déclare M. Blanchet. Avec notre convertisseur, de telles éoliennes pourraient produire jusqu'à 40% d'énergie de plus.»

Pour Idénergie, 2015 sera l'année du grand démarrage. La petite entreprise espère vendre 45 hydroliennes. Elle vise 200 unités en 2016, 700 en 2017 et 1200 en 2018. Mais comme toute petite entreprise, elle a besoin de financement. Il faut engager des assembleurs, des vendeurs.

«C'est le gros défi pour terminer l'année, trouver un investisseur», lance Denis Bastien, vice-président aux finances d'Idénergie.

L'entreprise s'est financée jusqu'ici avec la mise de fonds des trois fondateurs et avec divers programmes de recherche et développement. Mais pour 2015, il lui faut des capitaux additionnels pour la première phase de la mise en marché et réaliser des démonstrations commerciales. Il lui faudra par la suite 2 millions pour pénétrer le marché international.

Idénergie a un autre défi en ce qui concerne le marché québécois: la réglementation actuelle, désuète, rend difficile la vente d'hydroliennes. Ainsi, les hydroliennes ne figurent pas sur la courte liste de ce qu'on peut mettre dans un cours d'eau. En outre, toute personne qui produit de l'énergie à partir de l'eau doit verser des redevances. Pendant ce temps, n'importe qui peut aller s'acheter une génératrice polluante.

«Je rêve du jour où il faudra un permis pour une génératrice», laisse tomber M. Blanchet.

Qui: Pierre Blanchet, Gilles Trottier, Denis Bastien et une poignée d'employés

L'idée: Une petite hydrolienne

L'ambition: Sauver la planète. En attendant, vendre 1200 hydroliennes en 2018.

Le défi: Trouver 150 000$ en capitaux de démarrage et 2 millions en capitaux d'expansion.