Que ce soit pour croître, ou simplement pour survivre, la PME doit tôt ou tard penser à diversifier ses activités. L'agriculteur Patrice Schoune est passé par là, et nous raconte comment il a fait de la fabrication de la bière sa solution personnelle pour complémenter les activités de sa ferme.

Difficile d'attraper Patrice Schoune en cette fin d'été. L'agriculteur s'affaire depuis le mois d'août à récolter les céréales produites par ses terres de Saint-Polycarpe, à l'ouest de l'île de Montréal.

Et l'automne qui arrive ne s'annonce pas plus tranquille pour lui.

C'est que l'homme de 49 ans cultive une autre passion: celle de la bière. Une fois les céréales entreposées ou vendues commencent ses activités de brassage.

«En agriculture, on travaille du printemps à l'automne, et après ça, il y a pratiquement six mois durant lesquels on est moins occupés, dit-il. J'aurais pu faire comme tout le monde et ouvrir une porcherie, mais j'ai décidé de joindre deux passions et de produire ma propre bière.»

On s'étonne peu que le Belge d'origine, arrivé ici à l'âge de 15 ans, ait choisi le brassage pour complémenter ses opérations agricoles. Après tout, on fabrique le précieux liquide avec des céréales, surtout de l'orge. Pourtant, personne avant lui n'avait tenté l'expérience au Québec.

«Dès le départ, le but, c'était de transformer mon grain pour produire une bière faite à 100% de produits du terroir, raconte-t-il. Les céréales se vendaient à des prix ridicules, alors c'était une bonne façon de les utiliser pour faire un profit ailleurs.»

Aujourd'hui, Patrice Schoune brasse une bière composée uniquement de produits de la région. C'est La Rurale, l'une des 26 variétés produites par la maison. Les autres sont conçues seulement en partie avec les céréales de la ferme montérégienne.

Après avoir hypothéqué ses terres et investi 650 000$ dans l'achat de cuves et d'autres installations, l'agriculteur aura donc pris un risque qui rapporte aujourd'hui, et lui permet d'occuper son hiver à autre chose que d'engraisser des cochons.

Tourné vers l'exportation

Bien que la brasserie Schoune augmente sa production d'année en année, il est plus difficile qu'auparavant de dénicher ses produits au Québec. On ne les retrouve plus que dans 300 points de vente alors qu'ils étaient présents dans 3000 endroits il y a quelques années de cela.

Derrière cette réduction, une décision d'affaires de Patrice Schoune. «On ne faisait pas de profit en distribuant nous-mêmes les bières au Québec, explique-t-il. Une fois que la mise en bouteille est réalisée, il reste encore 70% du travail à faire à l'extérieur et ça demande une grande force de vente.»

Comme solution de rechange, l'agronome de formation s'est plutôt tourné vers l'étranger. Aujourd'hui, c'est 40% de sa production qui part tantôt pour l'Europe, tantôt pour le Mexique.

Ce dernier marché est d'ailleurs en pleine effervescence, souligne Patrice Schoune. «Il est 10 ans en arrière par rapport à celui du Québec, lance-t-il, et ça explose présentement. Cette année, on a multiplié par neuf la production pour le Mexique.»

Pour mieux pénétrer le marché mexicain, l'agriculteur québécois s'est même associé à une brasserie locale, la Cinco de Mayo. Grâce à elle, Patrice Schoune profite d'un réseau de distribution pour écouler ses bières. En contrepartie, il confectionne pour celle-ci une série de recettes de brassage. Une occasion de plus pour lui d'occuper ses jours d'hiver, mais, cette fois-là, sous le soleil mexicain.



Ferme brasserie Schoune

LE DÉFI

L'agriculteur Patrice Schoune cherchait à étendre les activités de sa ferme pour occuper ses mois d'hiver.

LA SOLUTION

Joignant l'utile à l'agréable, il a lancé sa propre brasserie et utilise aujourd'hui une partie des grains produits par ses terres pour fabriquer ses bières.

LE PORTRAIT

Entreprise: Ferme brasserie Schoune

Année de fondation: 1996

Nombre d'employés: 5

Président fondateur: Patrice Schoune

Secteurs: agriculture, brasserie et agrotourisme