Fréquent sur les écrans de cinéma et dans les salles de concert, le laser s'est aussi taillé une place dans des environnements plus utilitaires, notamment les cabinets d'ophtalmologistes. Mais il est encore rare dans les usines, en particulier au Québec. C'est ce que tente de changer Laserax.

Xavier P. Godmaire et Alex Fraser venaient de terminer leurs études en physique du laser à l'Université Laval quand, au hasard d'une visite dans un chalet, ils ont appris qu'une multinationale manufacturière implantée au Québec était justement à la recherche d'une solution de découpage de matériaux utilisant le laser.

«C'est l'une des choses qui nous distinguent, explique M. Godmaire. Notre entreprise n'est pas née pour pousser une technologie, elle est née pour répondre à un besoin précis du marché.»

Avec l'aide du Centre d'optique, photonique et laser (COPL) de l'Université Laval, leur alma mater, ils ont élaboré la technologie nécessaire, maintenant en instance de brevet et commercialisée depuis environ un an et demi.

Ils ont en cours de route découvert d'autres applications que la découpe. Leur laser peut aussi servir à souder ou à marquer des matériaux. Surtout, il peut travailler avec le plastique, le bois et le carton, pas seulement avec les métaux.

«Pour l'instant, au Québec, le laser se limite pas mal aux métaux», dit M. Godmaire.

Outil méconnu

«Le laser est vraiment méconnu au Québec, estime M. Godmaire. Le nombre de fois où j'ai rencontré des gens qui ont été étonnés de la vitesse à laquelle ça allait, des économies que ça permettait ou des répercussions que ça pouvait avoir sur l'entretien ou les capacités! ... C'est une technologie qui a un effet direct sur la rentabilité et la productivité des entreprises.»

Comme principaux avantages, M. Godmaire fait valoir l'absence de fournitures consommables, l'adaptation facile à de nouveaux patrons sans avoir à fabriquer des matrices de découpe, les frais d'entretien très bas et le fait qu'il s'agit d'une technologie écologique.

Fait caractéristique, Laserax a mis au point son produit de façon à ce qu'il soit modulaire, «comme des blocs Lego». Il peut ainsi être facilement adapté aux besoins de chaque entreprise, ce qui n'est apparemment pas le cas de ses grands concurrents internationaux, qui vendent des produits «de masse».

De même, Laserax est fière de pouvoir intégrer son laser aux chaînes de production existantes.

Laserax a déjà vendu quelques unités à différentes entreprises et travaille présentement à «industrialiser» sa machine pour la rendre conforme aux exigences de grandes multinationales comme son premier client.

M. Godmaire ne s'en cache pas, c'est grâce à sa collaboration avec le COPL que Laserax a pu réaliser cette nouvelle technologie.

«Une petite entreprise comme la nôtre aurait de la difficulté à s'équiper pour la recherche nécessaire», dit-il.

L'entreprise a aussi bénéficié de l'appui de SOVAR, la société de valorisation de l'Université Laval, dont le rôle est d'aider les technologies mises au point en milieu universitaire à trouver des applications commerciales.

L'Université Laval n'est pas actionnaire de Laserax, mais son nom est associé à la demande de brevet, de sorte qu'elle pourra recevoir des redevances pour son utilisation.

Laserax a par ailleurs annoncé cette semaine la conclusion d'une ronde de financement de 950 000$ impliquant notamment le Fonds Desjardins-Innovatech, l'ange investisseur Jean Veilleux et un employé-clé, Patrick Zivojinovic.