Renaud Côté aime le football. Surtout canadien. «J'ai mes billets de saison pour les matchs des Alouettes», dit le président de la maison d'effets visuels SHED. Et Sylvain Lebeau s'entiche des Doritos. «De plus en plus!», lance le vice-président.

Pas le choix d'apprécier quand on est finaliste d'un concours fort médiatisé aux États-Unis qui promet un million de dollars au gagnant! C'est que, grâce au message Most Generous Man qu'elle a conçu et produit, SHED compte parmi les 24 candidats encore dans la course du concours Crash The Super Bowl, de Doritos.

Ce concours est ouvert pour la première fois à l'international, et Doritos promet une diffusion des pubs gagnantes lors du XLVIIIe Super Bowl, le 2 février 2014. Dans trois semaines, l'entreprise saura si sa pub compte parmi les cinq finalistes!

Pour l'instant, son message humoristique a récolté la note d'appréciation la plus élevée et suscité un enthousiasme senti dans les corridors de l'entreprise de Montréal. «Les cinq finalistes seront choisis par Doritos et les compteurs repartiront à zéro le 4 janvier pour les votes», explique Sylvain Lebeau.

Jusqu'à présent, les concepteurs ont reçu 1000$. Que feront-ils en cas de gain dans les sept chiffres? «On réinvestira 40% du montant dans les studios et équipements, explique Sylvain Lebeau. Et 60% seront répartis entre les artisans qui ont travaillé gratuitement sur la pub.»

«On a prédéterminé des montants qu'on allait verser aux gens de la production et de l'entreprise», précise Renaud Côté.

Spécialisée en postproduction, SHED pourrait-elle acquérir une expertise en production publicitaire grâce à cette aventure? «Ça nous donne le goût d'y penser!», répond Renaud Côté.

Actuellement, SHED a davantage les yeux tournés vers Toronto, et même New York, quand vient le temps de penser à la diversification de l'entreprise. «Toronto est un marché intéressant, car beaucoup de bureaux-chefs s'y trouvent, explique Renaud Côté. J'aimerais qu'on puisse y faire quelque chose dans la prochaine année, développer le marché des agences de publicité. On regarde ça activement. Il faudrait avoir un pied-à-terre avec, au minimum, une salle de finition et un mini-studio.

«Le marché de la publicité est en mouvance, ajoute Renaud Côté. On sent une consolidation. Aujourd'hui, un fabricant automobile peut faire une même pub pour l'Amérique du Nord et l'Europe. Des comptes s'en vont à Toronto. Les maisons de production se battent ainsi sur un terrain qui rétrécit.»

Parallèlement, SHED se soucie de l'embauche d'animateurs 3D, de modeleurs et d'autres textureurs de haut calibre dans ses studios. «Il y a pénurie à cause des entreprises de jeux vidéo, note Sylvain Lebeau. Nos trois derniers employés recrutés viennent donc de Moscou, New York et Barcelone. Des gens qualifiés sortent des écoles, mais pas du calibre recherché. Et on n'a pas le temps de faire de la formation.

«Il ne manque pas de travail en effets visuels, poursuit Sylvain Lebeau. Mais pour un plus petit studio [30 employés], la tâche est plus ardue. C'est ce qui nous motive à aller vers d'autres marchés.»

Les deux associés sont au diapason en entrevue, même si tout les sépare à première vue. D'un côté, l'artiste fonceur et rassembleur. De l'autre, l'homme d'affaires qui lorgne une croissance constante, mais modérée. «Tant mieux, lance Sylvain Lebeau. Je ne pourrais pas aller à la banque pour demander du financement. J'ai l'air d'un motard!»