Les affaires allaient bon train pour Automatex au début des années 2000. Après avoir développé des relations d'affaires dans le reste du Canada, l'entreprise avait su s'implanter solidement aux États-Unis. Une tempête approchait toutefois et allait menacer la survie du fabricant.

Cette tempête a pris forme au détour de l'année 2005 avec l'entrée en vigueur de l'Accord multifibres de l'Organisation mondiale du commerce, un traité qui a fait tomber les barrières protectionnistes qui limitaient l'entrée en Occident de vêtements fabriqués dans des pays en développement.

Désormais, les entreprises du textile d'Amérique du Nord allaient se battre à armes égales avec leurs vis-à-vis étrangers.

Une bataille qu'elles ont rapidement perdue.

«Ç'a été une grosse claque», se souvient Charles de Sousa, directeur du développement des affaires chez Automatex, qui a vu la vie de clients, devenus amis, basculer du jour au lendemain. «Ç'a été très difficile de les voir fermer leurs usines les uns après l'autre, ajoute-t-il. J'ai vu les ravages que ça pouvait causer au niveau personnel.»

Le coup était d'autant plus difficile qu'il menaçait maintenant la survie même du fabricant d'appareils automatisés destinés à l'industrie du textile. C'est qu'environ 90% de son marché se trouvait en Amérique du Nord. Un marché qui allait peu à peu disparaitre et laisser le fabricant de Terrebonne en plan.

Revirement

Pour maintenir la tête hors de l'eau, l'entreprise opte d'abord pour la diversification de ses produits et se lance dans la conception et la fabrication d'appareils destinés au monde de l'emballage.

Une transition qualifiée de «pénible» par Charles de Sousa. «Quand tu es nouveau et que tu essaies d'ouvrir des portes, c'est très difficile», dit-il.

Ainsi, l'aventure dans le monde de l'emballage n'aura duré qu'une douzaine de mois, jusqu'au jour où Automatex reçut un coup de fil d'un vendeur issu d'une entreprise concurrente. Celle-ci souhaitait passer chez Automatex pour vendre ses produits en Amérique du Sud, en Europe et en Asie. Une offre que saisit immédiatement l'entreprise de Terrebonne.

Automatex avait déjà tenté de percer les marchés où l'industrie du textile avait le vent dans les voiles. C'est d'ailleurs pour cette raison que Charles de Sousa a participé à de nombreuses foires spécialisées entre 2005 et 2007, tantôt en Asie, tantôt en Amérique du Sud. Des efforts qui n'ont toutefois pas porté leurs fruits, selon lui. «Pour avoir du succès dans ce domaine-là, tu dois avoir une présence locale, dit-il. Tu ne peux pas commercialiser tes produits de l'extérieur en pensant effectuer des ventes.»

Grâce à son réseau déjà bien établi à l'étranger et à des collègues qui se sont joints à lui dans l'aventure, le nouveau vendeur a permis à Automatex de percer de nouveaux marchés en moins de huit mois.

Aujourd'hui, l'entreprise réalise 95 % de ses ventes au Brésil, en Turquie, en Russie et en Inde. Elle mise aussi sur un bureau en Chine, ouvert depuis un an, où elle compte accroître ses parts de marché au cours des prochaines années.

AUTOMATEX

LE DÉFI

Au milieu des années 2000, les usines de textile ferment les unes après les autres aux États-Unis et au Canada. La situation est catastrophique pour Automatex qui y livre 90% de ses exportations. Il fallait réagir, mais comment?

LA SOLUTION

Pour traverser la tempête, Automatex s'est lancée dans une campagne pour repositionner ses ventes à l'international. Un véritable succès. Aujourd'hui, elle vend ses produits au Brésil, mais aussi en Turquie, en Russie et en Inde... et cherche maintenant à gagner des parts de marché en Chine.

LE PORTRAIT

Entreprise: Automatex

Année de fondation: 1992

Employés: 40

Président et principal investisseur: Pierre Lemieux

Cofondateurs: Pierre Lemieux et Nathalie Gaucher

Secteur: conception et fabrication d'automates pour le secteur du textile. Les appareils découpent les tissus, effectuent des coutures et vont même jusqu'à plier les produits de literie qui en sortent.