Alors que certaines PME se préparent à l'adoption anticipée de la rente de longévité proposée par le rapport D'Amours, d'autres ont déjà cru bon d'offrir à leurs employés une forme ou une autre de régime de retraite.

C'est le cas de Maestro Technologies, une société qui conçoit des logiciels pour l'industrie de la construction.

Depuis bientôt 6 ans, ses 80 employés profitent d'un régime de retraite qui prend la forme d'un REER collectif. Un outil adopté par l'entreprise de Varennes après que certains de ses employés se sont montrés préoccupés par leur avenir financier.

Aujourd'hui, la carte du régime collectif devient un atout précieux dans le jeu de Maestro, selon son président, Robert Meunier.

«En technologie, peu d'entreprises offrent un régime de retraite à leurs employés, dit-il. Comme on n'est pas à Montréal, c'est devenu une façon pour nous d'être plus concurrentiels pour aller chercher des candidats.»

L'entreprise de Varennes accorde en plus à ses employés un régime de participation différée aux bénéfices (RPDB), «une façon de redistribuer les profits aux employés», souligne Robert Meunier.

Les deux régimes engendrent peut-être un coût supplémentaire pour Maestro, mais ils en valent la peine, selon son président.

«Dans une entreprise en technologie comme la nôtre, les salaires représentent pratiquement 85% des dépenses, dit-il. Nos ressources, ce sont nos gens, pas des équipements, alors on doit les rémunérer comme on doit pour qu'ils restent chez nous et performent.»

Un régime imposé aux PME

Si des PME comme Maestro ont déjà adopté une forme de régime d'épargne à cotisations déterminées, elles seraient une majorité à ne rien offrir à leurs employés: 3 sur 5, ou 60%, selon les résultats d'un sondage Léger Marketing publié en janvier 2012.

La situation est toutefois appelée à changer.

En déposant son rapport le 17 avril dernier, le comité D'Amours a proposé l'adoption, entre autres, d'une rente de longévité. Si le gouvernement du Québec devait adopter cette mesure, les PME qui n'offrent pas de régime de retraite à leurs employés auraient bientôt à payer une cotisation annuelle équivalant à 1,65% du salaire de chaque employé. Un coût de 421,58 à 843,15$ par année pour chaque salarié.

Ce débours supplémentaire demandé aux PME du Québec est vu d'un mauvais oeil par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), souligne Martine Hébert, vice-présidente de la FCEI pour le Québec.

«Ça revient à dire qu'on ajoute une nouvelle taxe sur la masse salariale au Québec», dit-elle. Elles sont déjà plus élevées de 45% qu'ailleurs au Canada, et de 30% par rapport à l'Ontario.

Selon elle, une telle mesure aura inévitablement une incidence négative sur la compétitivité des entreprises québécoises, générant un «effet d'entraînement» qui pourrait conduire au gel des salaires ou à leur réduction au sein des entreprises.

RVER remis de l'avant

L'adoption du Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER) n'entraînera pas autant de conséquences sur les finances des entreprises québécoises, abstraction faite des effets liés à son implantation. L'outil d'épargne proposé par le Parti libéral lors du dépôt de son dernier budget, en 2011, a été remis de l'avant par le comité D'Amours qui propose maintenant son adoption.

Dans sa forme actuelle, le RVER implique toutes les entreprises de cinq employés ou plus n'offrant pas déjà un régime de retraite ou un REER collectif. La responsabilité de l'employeur se limitera à l'implantation du régime. Seul l'employé aura à y cotiser.

«L'administration va se faire par les banques et les compagnies d'assurance, explique Robert Tellier, vice-président régional, solutions retraite collectives chez Manuvie. Le fardeau est donc minime pour les entreprises.»

Sans y être contraintes, les PME pourraient tout de même voir un avantage à cotiser dans le RVER de leur employé plutôt que dans un REER collectif: le montant cotisé par l'employeur au RVER sera exclu du calcul des taxes sur la masse salariale.