Le principe de la vis servant d'ancrage souterrain est vieux de presque 200 ans. Mais Techno Pieux a grandement permis de démocratiser et d'améliorer cette technologie. Tellement que la PME de Thetford Mines compte désormais 100 concessionnaires de par le monde, dont le plus récent a pignon sur rue en Nouvelle-Zélande. Portrait d'une entreprise en pleine croissance que les banques ont longtemps snobé.

Lorsqu'ils ont démarré leur entreprise en 1993, Clément Binet et Daniel Thivierge n'ont guère installé plus de 32 pieux vissés. L'an dernier, leur PME a fracassé un record avec 115 000 pieux un peu partout sur la planète. Le secret de Techno Pieux? Un savant mélange de résilience, de ténacité, mais surtout d'innovation.

«C'est nous qui avons écrit les normes dans les pieux vissés. On visait l'exportation depuis la fondation de l'entreprise. Mais pour sortir du marché québécois, il fallait documenter et surtout prouver la capacité portante de nos produits. Depuis 1998, nous faisons donc partie du CCMC [Code canadien des matériaux de construction]», explique Clément Binet, président.

Techno Pieux, dont la croissance a atteint 15% l'an passé, a entrepris la même démarche en France, où elle est intégrée depuis peu au Code des matériaux. Elle est sur le point d'en faire de même aux États-Unis.

D'ailleurs, pour prouver le sérieux de sa démarche dans l'Hexagone, la PME de 42 employés a développé le S2P, un pieu qui effectue la lecture électronique du sol. Du jamais vu dans l'industrie, soutient Clément Binet. «Ça garantit que le pieu va supporter le poids qu'il promet de soutenir», dit-il.

L'entreprise n'hésite d'ailleurs pas à se présenter comme le «leader mondial en fondations vissées». Ce slogan, elle l'arbore sans complexe sur son site web, ses camions, etc. La PME compte 26 concessionnaires-installateurs au Québec, 24 en France, 22 aux États-Unis, de même que dans un nombre croissant de pays européens, et même en Guadeloupe.

Clément Binet se fait d'ailleurs un point d'honneur de rappeler que les équipements et les produits de Techno Pieux sont à ce point performants qu'ils trouvent preneurs en Allemagne et en Suisse, deux pays réputés pour la qualité de leur génie industriel.

«Nous recevons des demandes tous les jours de gens qui veulent devenir concessionnaires. Nous pourrions en avoir tellement plus qu'en ce moment. Mais nous préférons y aller une étape à la fois en étant sélectifs. Quiconque veut s'associer au nom Techno Pieux doit venir suivre une semaine de formation à Thetford Mines, qu'il soit des États-Unis, d'Europe ou de Nouvelle-Zélande», explique M. Binet.

Des pieux et bien plus

L'autre élément qui fait la force de l'entreprise: elle dessine et fabrique non seulement ses pieux, mais aussi l'équipement qui sert à les installer. La PME commercialise ainsi trois véhicules valant de 25 000 à 150 000$. Ceux-ci sont télécommandés et peuvent installer des pieux de 3 à 12 pouces de diamètre.

Le pieu vissé a un grand avenir devant lui, si l'on en croit le président de la PME. «C'est long, mais la perception des gens est en train de changer. Les pieux ne servent plus uniquement à soutenir des galeries ou des patios. On les utilise de plus en plus dans tout ce qui nécessite une base ou une fondation: des poteaux électriques jusqu'aux immeubles à logements de trois étages», dit-il.

Cet ancien travailleur de la construction a eu l'idée de créer son entreprise à l'époque où il installait des solariums.

Il désire évoluer dans le segment des projets privés et publics de petites ou de moyennes dimensions. Pas question pour lui de concurrencer ceux qui se spécialisent dans les fondations vissées destinées aux échangeurs ou aux gros travaux de génie civil.

Sans que ça ne transparaisse trop, Clément Binet, un self-made man de 55 ans, cache difficilement sa déception envers les banques. Celles-ci l'ont boudé longtemps à ses débuts. Avant de connaître le succès, l'entrepreneur et son associé ont tout financé, tantôt avec leurs économies personnelles, tantôt lorsqu'un fournisseur leur faisait crédit.

Même si elle a reçu plusieurs offres d'achat alléchantes, la PME a fait le choix de préparer sa relève à l'interne. Parmi les candidats qui prendront le relais de Clément Binet et Daniel Thivierge se trouvent notamment les ingénieurs Pascal Marceau et Étienne St-Laurent, de même que Maxime Binet, le fils du président.

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TECHNO PIEUX EN CHIFFRES

Secteur d'activités : manufacturier de pieux vissés et d'équipements d'installation

Siège social : Thetford Mines

Chiffre d'affaires : N/D

Employés : 42

Territoire de vente : international

Objectif : augmenter le nombre de concessionnaires partout dans le monde