Chloé Daneau a l'entrepreneuriat dans le sang. À 20 ans, elle achetait un centre de conditionnement physique. À 24 ans, elle mettait la main sur une entreprise de transport dans la région de Québec. Aujourd'hui, à 36 ans, elle travaille à un projet que certains qualifient de fou: elle veut vendre ses chocolats fins aux Chinois.

La jeune présidente de Chocolats Noushka ne se berce pas d'illusions, car elle a déjà une certaine connaissance du marché chinois. Depuis l'an passé, elle s'est rendue à deux reprises dans l'empire du Milieu, dans le cadre de missions commerciales. L'aventure lui a coûté au bas mot 20 000$ à ce jour.

Chloé Daneau, mère de trois jeunes enfants, y a vendu quelques milliers de chocolats. Mais surtout, elle y a établi de bons contacts. Et même si son comité consultatif, composé notamment d'un spécialiste en marketing et d'une prolifique ex-femme d'affaires, lui reproche de voir trop grand, la jeune femme n'en démord pas.

«J'ai décidé d'exporter, car le Québec regorge de bonnes chocolateries. Je voulais pousser le volet chocolat plus loin, faire quelque chose de différent. Je suis convaincue de trouver en Chine un marché attiré par les saveurs du Québec», dit celle qui a connu son baptême entrepreneurial dans l'entreprise de transport de ses parents.

«Prendre des risques»

Sa première expérience de ventes en Chine - environ 6000 chocolats faits à la main qui ont notamment trouvé preneur dans une petite chaîne de pâtisseries - a été intéressante. Son deuxième séjour là-bas ne lui a presque rien rapporté. «J'allais laisser tomber, mais j'ai rencontré une Chinoise au Salon international de l'alimentation de Montréal qui a relancé mon intérêt», explique Chloé Daneau.

«Elle m'a bien conseillé. Elle sait ce que les Chinois sont prêts à payer pour un produit de luxe, ce qu'ils trouvent trop sucré, etc. Elle connaît leurs goûts. Il y a plus de chance cette fois-ci pour que ça fonctionne», dit-elle.

Et d'ajouter: «La clé pour vendre là-bas, c'est de trouver les bonnes personnes. Il faut être prêt à prendre des risques. Lors de mon premier voyage, des distributeurs m'ont dit pouvoir vendre des millions de mes chocolats. Cela dit, il faut avoir des objectifs réalistes. Beaucoup de gens croient qu'il faut avoir un chiffre d'affaires d'au moins un million avant d'exporter en Chine. Je ne suis pas d'accord.»

Chloé Daneau sait pertinemment que la route vers le succès sera longue. «Les Chinois ne connaissent pas le chocolat. Pour eux, le Godiva de Nestlé est un produit haut de gamme. C'est donc clair qu'il y a beaucoup de potentiel», explique la chef d'entreprise.

Petits conseils: «Il ne faut jamais dévoiler dès le début le prix qu'on désire obtenir. Les Chinois aiment négocier. C'est parfois long. Et c'est difficile d'avoir l'heure juste. Ils vont éviter de répondre à certaines questions, car ils ne disent jamais non. Il y a tout un protocole entourant la négociation. Il faut être très humble», dit Chloé Daneau.

La Chine est le deuxième marché en importance, après les États-Unis, pour les exportations québécoises. Les échanges commerciaux entre la Belle Province et le pays de Mao dépassent les 10 milliards.

Grandes ambitions

C'est en 2007, lorsqu'elle a momentanément délaissé l'entrepreneuriat pour mieux s'occuper de sa marmaille, que Chloé Daneau a développé un intérêt pour le chocolat. Elle a commencé, de sa résidence, par des cadeaux d'entreprises. De fil en aiguille, les commandes se sont multipliées. Au point où, en 2011, elle a acheté la pâtisserie Chocolatissime de Sainte-Adèle pour en faire son atelier.

La jeune femme d'affaires, qui emploie 10 personnes, compte deux divisions: les desserts, gâteaux, verrines, tartes, etc., et les chocolats, caramels en pot et biscuits. Ses produits se retrouvent dans une vingtaine de points de vente à Montréal, dans le Bas-du-Fleuve, Lanaudière, les Laurentides et bientôt les Cantons-de-l'Est. Plusieurs traiteurs et clients d'entreprise complètent la liste.

Ne manquant assurément pas d'ambition, Chloé Daneau souhaite, dans un avenir pas trop éloigné, exporter 50% de sa production de chocolats. Outre la Chine, elle a également le Japon dans sa ligne de mire. Des Japonais propriétaires de quatre boutiques de miel à Tokyo, qui connaissent bien les produits agroalimentaires québécois, sont d'ailleurs venus visiter ses ateliers. D'ici Noël, la présidente de la PME devrait expédier quelques milliers de produits au pays du Soleil levant.

Depuis presque un an, la femme d'affaires est également en pourparlers avec les propriétaires d'une petite chaîne d'épiceries fines de New York. Et la voilà qui se met à rêver de franchises.