Le garage Systèmes électriques Nordique, de La Sarre en Abitibi, a mis en place un programme structuré de formation d'une durée de 560 heures pour ses 20 employés. Il a reçu l'appui financier de la Commission des partenaires du marché du travail par le truchement d'un nouveau programme visant à convaincre les PME d'investir dans leur main-d'oeuvre pour accroître leur productivité.

Garage automobile indépendant, Systèmes électriques Nordique se spécialise dans les systèmes électriques et de climatisation de voitures et de véhicules lourds qui roulent dans les chantiers miniers de l'Abitibi et du Nord-du-Québec.

«Les véhicules sont plus complexes aujourd'hui. Pour être capable de réparer toutes sortes de véhicules, on n'a pas le choix: il faut suivre de la formation», explique son propriétaire Jules Ayotte. Les 560 heures de cours ont commencé le 26 mars et les dernières heures seront données en août. La formation sera livrée par l'école secondaire locale.

Un garage indépendant n'est pas le type d'entreprise auquel on pense d'emblée quand vient le temps de citer en exemple des modèles en matière de formation donnée aux travailleurs. Pourtant, les bénéfices que tire le garage à mieux former ses travailleurs sont manifestes, selon son propriétaire, surtout dans un contexte de rareté de la main-d'oeuvre.

«Quand je donne de la formation à mes employés, ils sont capables de faire un meilleur job, explique l'homme d'affaires de 51 ans. Ça m'aide à pouvoir les payer mieux parce que le garage abat plus de besogne. Si je les paie mieux, ils vont rester plus longtemps à mon emploi et ils seront plus heureux. Ça prend ça pour les garder, car, aujourd'hui, les sociétés minières paient des prix exorbitants (à leurs travailleurs)», dit-il.

Aide maximale de 100 000$

Une grande partie des dépenses encourues par Systèmes électriques Nordique est défrayée par le nouveau programme Accompagnement des entreprises pour la relance de l'emploi (AERE) mis de l'avant par les partenaires du marché du travail.

«Le programme couvre une partie des salaires, ça paie une partie de ce que l'école me demande pour la formation. Si on absorbe tout ça (sans aide), personne dans une PME n'a les reins assez solides pour payer ça», dit M. Ayotte qui s'est adressé au Centre local d'emploi (CLE) pour s'inscrire au programme.

Les entreprises, peu importe leur taille, ont droit à une aide maximale de 100 000$ dans le cadre de l'AERE. On espère convaincre 2700 entreprises d'emboîter le pas à Services électriques Nordique.

Ça ne sera pas une mince tâche. Le Québec figure en effet parmi les parents pauvres de la formation en milieu de travail au Canada. Sans surprise, les PME font moins bien sur ce plan que la grande entreprise.

La Commission des partenaires du marché du travail, son président Jean-Luc Trahan en tête, reprend donc le bâton du pèlerin pour faire passer le message de l'importance de la formation liée à l'emploi. En outre, la Commission double les sommes allouées à la formation continue des travailleurs, de 25 à 50 millions par année, pour les trois prochaines années.

«Si on veut garder notre qualité de vie, il va falloir être plus productif pour réussir à compenser le choc démographique, souligne M. Trahan. La formation de la main-d'oeuvre est une manière d'y arriver.

Le programme AERE s'inscrit dans le cadre d'une initiative plus vaste, baptisée Investissement-compétences. Elle a été annoncée en février et reprise dans le budget de Raymond Bachand en mars. L'enveloppe budgétaire totale d'Investissement-compétences s'élève à 361,4 millions sur trois ans pour soutenir la formation liée à l'emploi, dont 80 millions de nouveaux fonds.

Environ 12 000 entreprises québécoises dépensent annuellement près de 1 milliard pour se conformer à la Loi favorisant le développement de la formation de la main-d'oeuvre, adoptée en 1995. En vertu de cette loi, les employeurs dont la masse salariale est supérieure à un million de dollars doivent en investir un pourcentage dans la formation ou faire une contribution à un fonds de formation.

Investissement-compétences vient donner un second souffle à la loi du 1%. L'objectif est d'amener 20 000 entreprises de s'engager moralement à soutenir les efforts de formation de son personnel, dont bon nombre de PME de moins de 100 employés.

FORMATION LIÉE À L'EMPLOI (Population canadienne de 25 à 64 ans)

[2002 / 2008]

QUÉBEC : 21,4 / 22,9

CANADA : 24,6 / 30,6

Source : Statcan

PLUS L'ENTREPRISE EST PETITE MOINS ON FORME LES EMPLOYÉS (Pourcentage d'établissements offrant de la formation selon leur taille)

[2009]

TOUTES TAILLES : 50,4

100 EMPLOYÉS OU PLUS : 92,4

DE 20 À 99 EMPLOYÉS : 72,6

DE 5 À 19 EMPLOYÉS : 39,1

Source : Institut de la statistique du Québec