À une étape critique de son développement, Emovi, PME innovatrice du domaine de la santé, a pu compter sur les précieux dollars de sa Corporation de développement économique communautaire (CDEC) pour financer la phase de précommercialisation de son appareil diagnostic du genou en mouvement et en 3D: le KneeKG.

«On passe à une nouvelle étape, explique sa présidente Michelle Laflamme, 40 ans. Une étape où l'on met beaucoup d'énergie sur les congrès, les conférences, à travailler avec les leaders d'opinion, pour pouvoir publier toutes les données qu'ils vont générer. Ce sont des phases qui sont importantes pour l'adoption d'un nouvel appareil médical. C'est pour financer cette phase de précommercialisation que la CDEC et la FDEM ont financé Emovi. Les banques et les autres sources de capitaux ne peuvent pas nous aider à l'étape où l'on se trouve», explique-t-elle.

Emovi a obtenu un prêt de 250 000$ de la CDEC, du Fonds de développement Emploi-Montréal (FDEM) et du Centre québécois de valorisation des biotechnologies (CQVB). La CDEC agit en développement local dans la métropole et a le mandat de donner des services de soutien aux entrepreneurs à Montréal.

Avocate de formation, Mme Laflamme a fondé Emovi en 2007 après avoir travaillé chez Prometic Sciences de la vie et après avoir agi brièvement comme consultante.

Au départ, Emovi a négocié une licence de commercialisation d'une invention mise au point par l'équipe du professeur Jacques De Guise. En 2010, Le KneeKG a figuré parmi les 23 meilleures technologies issues de la recherche universitaire par le Better World Report. Le produit est maintenant approuvé par Santé Canada et la Foods and Drug Administration (FDA). En novembre dernier, la société a vendu un appareil à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, sa première vente en milieu hospitalier québécois.

Dans la dernière année, les huit employés d'Emovi ont réalisé des ventes d'un demi-million de dollars. L'entreprise loge dans les locaux du campus des technologies de la santé, rue De Gaspé dans le quartier Rosemont. Sa clinique du genou a pignon sur rue à Laval.

Du capital de développement accessible

Des entreprises comme Emovi, qui ont reçu un soutien au moment opportun sont légion, soutiennent les corporations de développement économique communautaire (CDEC) de Montréal, qui défendent la pertinence de leur travail auprès des entrepreneurs. Elles répliquent ainsi aux critiques qui leur sont adressées dans le document de réflexion préparé par la ville centre en prévision des audiences publiques que tiendra la commission de l'agglomération sur le développement économique à compter de mercredi prochain. La consultation porte sur l'efficacité des ressources consacrées au développement local.

Le document en question souligne que près de 1400 personnes se partagent un budget de près de 40 millions consacré au développement économique et obtiennent un succès mitigé, pour le moins. La région crée proportionnellement moins d'entreprises que le reste de la province.

«On n'est pas convaincu que de centraliser (les ressources) et de les restructurer, ça va nécessairement améliorer les choses», dit Pierre Morrissette, porte-parole du réseau de neuf CDEC de Montréal et directeur général de RESO, organisme de promotion économique du sud-ouest de Montréal. Selon lui, le ménage a déjà été fait dans les structures avec la dévolution de pouvoirs vers les arrondissements dans la foulée des débats sur les fusions-défusions.

Il conteste de plus le chiffre avancé de 1400 personnes travaillant au développement économique. «Les 300 employés des carrefours jeunesse emploi n'aident pas directement les entreprises, fait-il savoir. On vient d'en enlever 300. Autre exemple, les chambres de commerce font du réseautage, elles ne font pas de soutien direct à l'entrepreneuriat», croit-il.

M. Morissette avance que des facteurs structurels comme l'exode des jeunes vers la banlieue expliquent mieux pourquoi Montréal obtient des résultats mitigés dans la création d'entreprises. «Le système montréalais donne, à mon avis, des résultats très bons malgré tous les défauts qu'on lui attribue.»

En cinq ans, les CDEC de Montréal, font-elles valoir, ont investi 36 millions dans des PME comme Emovi.

Les CDEC et autres centres locaux de développement de l'île présenteront demain matin à l'hôtel de ville le bilan de leurs réalisations des cinq dernières années.