On entend beaucoup parler des marchés émergents, mais est-ce que les Québécois osent y investir une bonne part de leurs économies? Puisque le géant américain a du mal à se relever de la crise, faut-il continuer d'y investir? Et l'Europe, faut-il en avoir peur? Quelques spécialistes des fonds communs ont accepté de partager leurs opinions avec La Presse.

D'abord, les marchés émergents. Sont-ils trop risqués ou vraiment intéressants?

«On se fait poser beaucoup de questions sur les fonds de marchés émergents, comme ceux en Chine et en Inde, mais ils sont très volatils et il y a beaucoup d'insécurité à investir dans ces fonds», affirme Denis L'Hostie, directeur principal, planification financière, à la Banque Laurentienne.

«Les conseillers posent des questions par rapport aux fonds émergents, mais ils n'embarquent pas nécessairement, ou du moins, seulement pour des petits pourcentages de l'argent de leurs clients», remarque Normand Morin, directeur général d'Investissement Excel.

À la Banque Laurentienne, on conseille souvent aux gens qui souhaitent investir dans les marchés émergents de le faire à travers de grands fonds américains ou européens qui contiennent des entreprises d'envergure internationale comme Motorola et Nokia qui elles, investissent dans les économies émergentes ou qui y ont des filiales.

«Comme ça, on peut bénéficier de la croissance de ces économies sans avoir tout le risque associé à investir directement dans des entreprises chinoises et indiennes par exemple», explique Denis L'Hostie.

Les États-Unis

Avec la reprise économique qui traîne la patte aux États-Unis, Normand Morin a remarqué que plusieurs personnes sont moins intéressées à y investir. «Par contre, à mon avis, les conseillers devraient peut-être recommencer à regarder du côté des États-Unis qui finissent toujours par se relever», affirme-t-il.

«Les bons gestionnaires vont toujours réussir à tirer leur épingle du jeu aux États-Unis. Ce n'est pas vrai que toutes les entreprises vont mal. Le risque perçu a changé un peu par contre, on continue à avoir de la misère à se sortir de la crise, mais il n'y a pas d'investisseurs qui disent qu'ils ne veulent plus aller vers les États-Unis», affirme Marc Dubuc, directeur principal, stratégie marketing et gestion de l'offre en gestion de patrimoine, chez Desjardins.

«Les États-Unis représentent tout de même un morceau majeur de l'économie mondiale. Quand ils repartiront, en tant qu'investisseur, on voudra être là! Il faut demeurer fidèle à sa stratégie à long terme», affirme M. L'Hostie.

Malgré les difficultés qu'on y connaît, les États-Unis demeurent le premier marché vers lequel les Québécois et les Canadiens se tournent lorsque vient le temps de diversifier leur portefeuille. «De grosses portions du marché canadien sont surpondérées, comme tout ce qui est banques et services financiers, donc en allant aux États-Unis, on a accès à d'autres secteurs», précise M. Morin.

Les grandes entreprises de technologies, comme Apple, Google et autres Microsoft ont-elles toujours la cote?

«Oui, affirme-t-il, mais aussi les grandes entreprises de produits de consommation, comme Gillette. Les fonds américains de grandes capitalisations investissent toujours là-dedans.»

M. Duval ajoute que les entreprises de détail comme Coca-Cola et McDonald's sont aussi toujours très populaires. «Les grandes entreprises ne sont pas très cycliques et certaines offrent de bons dividendes.»

L'Europe

Pour ce qui est de l'Europe, les avis sont partagés. Chez Desjardins par exemple, on traite souvent l'Europe de la même façon que l'Asie et les autres marchés émergents.

«Nous investissons dans ces régions par nos fonds mondiaux, mais elles n'ont jamais un poids élevé dans les portefeuilles comme c'est le cas pour le Canada et les États-Unis qui comptent pour plus de 50%», affirme M. Dubuc.

«L'Europe est moins attrayante», affirme pour sa part Normand Morin.

Si beaucoup de Québécois hésitent à aller investir à l'extérieur du Canada et des États-Unis, Denis L'Hostie signale toutefois que l'Europe représente un bassin de population important à ne pas négliger.

«Les gens s'inquiètent de la Grèce par exemple, mais je lisais quelque part que la part du PIB de la Grèce dans l'Union européenne équivaut à celle de l'Île-du-Prince-Édouard dans le Canada. Avant de paniquer, il faut évaluer le poids économique d'un pays qui va mal. L'Europe est une économie importante et elle va repartir. Il ne faut pas attendre que ça reparte avant d'investir! Comme on travaille sur le long terme avec les fonds, encore une fois, je le répète, il faut rester fidèle à sa stratégie d'investissement.»