En affaires comme dans les sports, Katy St-Laurent est une battante. Sacrée championne canadienne de vélo sur route en 2002, la jeune femme est aujourd'hui à la tête d'Actionwear KSL, un manufacturier de vêtements sport qui a enfin le vent dans les voiles. En plus d'ouvrir quatre nouvelles boutiques ce printemps, la présidente de la PME est sur le point de distribuer ses produits en Californie. Et une percée au Japon ne saurait tarder.

En affaires depuis trois ans, Katy St-Laurent aurait eu une multitude de raisons de mettre un terme à son aventure entrepreneuriale. En 2007, à sa première année dans le monde des affaires, plusieurs détaillants ne l'ont carrément pas payée. Elle a également dû presser nombre d'entre eux pour récupérer ses produits. «Ce qui me fait de la peine, c'est qu'il y en avait plusieurs qui me connaissaient depuis longtemps», dit la présidente et designer de la PME.

Et à la fin de 2008, alors que bien des entreprises voyaient le ralentissement économique poindre à l'horizon, une proportion importante de détaillants ont décidé d'annuler in extremis leurs commandes de vêtements griffés KSL.

»Ça passe ou ça casse»

«C'est là que je me suis dit: ça passe ou ça casse. Au lieu d'attendre les autres, mon conjoint et moi avons décidé d'ouvrir en mai 2009 un atelier boutique rue Saint-Denis. En plus, j'étais enceinte. On misait gros», reconnaît la jeune maman de 33 ans.

Ce choix audacieux commence à rapporter. Les ventes en boutique, mais aussi celles en ligne par le truchement du site internet de la PME, vont bien. Katy St-Laurent revient de Californie où quatre boutiques de vélo et un club de tennis de prestige de la région de Los Angeles seraient sur le point de distribuer ses collections de vêtements.

La PME dessine et fabrique entièrement au Québec les quelque 60 pièces de vêtements qui composent ses collections: de la robe au maillot de vélo en passant par les vêtements pour le yoga, le voyage, la course à pied, le tennis, etc. Les vêtements KSL se détaillent de 25$ à 230$ l'unité.

En avril, KSL inaugurera des boutiques à Bromont, Québec, Saint-Sauveur et Tremblant. En fait, il s'agit d'un partenariat entre Katy St-Laurent et le fabricant québécois de manteaux Avalanche. «Avalanche fermait ses boutiques à la fin de l'hiver et les ouvrait au début de l'automne. J'ai proposé d'y vendre mes vêtements d'avril à septembre. Jean-François Caron, patron d'Avalanche, m'a dit: «Tu es mon étoile de 2010»», raconte la femme d'affaires qui se félicite de son initiative.

Quant à la possibilité de vendre au Japon, Katy St-Laurent se fait prudente. «J'ai rencontré plusieurs clients japonais lors de la Semaine de mode. Ils reviendront sûrement me voir encore cette année. Mais avant de leur dire oui, je veux être prête, je veux que tout soit parfait. Si je me plante, ils ne me redonneront pas une seconde chance», explique-t-elle.

Le monde à conquérir

La présidente de la PME de huit employés, qui préfère taire son chiffre d'affaires, entrevoit donc l'avenir avec beaucoup d'optimisme. Elle ne s'en cache pas: ses visées sont mondiales. Elle est persuadée qu'un jour, il y aura des boutiques KSL à Paris, à New York, etc.

Aspirer à de tels desseins nécessite, il va sans dire, une certaine dose de confiance en soi, un certain culot. Des qualités que Katy St-Laurent cultive depuis longtemps. Après des études en communication à l'Université Laval, où elle a fait partie de l'équipe de natation du Rouge et Or, la femme d'affaires en devenir a travaillé dans les médias, les boissons gazeuses et le pharmaceutique. «J'ai même fait du porte-à-porte pour vendre des systèmes d'alarme», dit-elle sans gêne.

Autre preuve de sa détermination: à la fin de sa carrière de cycliste (de 2001 à 2005), Katy St-Laurent s'est retrouvée avec une dette avoisinant les 40 000$. «Des syndics m'ont fortement recommandé de déclarer faillite. J'ai dit: pas question. Je suis retournée travailler dans le secteur pharmaceutique et j'ai remboursé ma dette en un an et demi», explique celle qui, de 2007 à 2008, a été chroniqueuse et animatrice télé, notamment à RDS et à TVA.

Les principaux actionnaires de la PME sont Katy St-Laurent et Yann D'Amboise, conjoint de Mme St-Laurent et chiropraticien dans la vie de tous les jours. La présidente de la PME affirme être régulièrement sollicitée par des investisseurs.

«Les gens voient combien nous sommes déterminés, combien nous sommes passionnés. Lorsque j'accepterai des partenaires, il faudra qu'ils soient aussi passionnés que nous, qu'ils mettent la main à la pâte», prévient Katy St-Laurent.