Il y a des entrepreneurs qui sont en avance sur leur temps. Parlez-en à Pierre Montpetit et Jocelyn Bédard. Il y a 15 ans, lorsqu'ils ont voulu donner une seconde vie aux fenêtres que tout le monde croyait bonnes pour la casse, ils ont fait rire d'eux. Aujourd'hui, leur entreprise, Groupe Fenestra, connaît une croissance de 200% par année. Et ce n'est qu'un début, disent-ils.

Groupe Fenestra, une PME de Saint-Léonard, se spécialise dans la remise à neuf et le reconditionnement des fenêtres pour les immeubles commerciaux, industriels et institutionnels. L'objectif de cette entreprise de 20 employés: qu'on cesse d'envoyer des tonnes de fenêtres dans les sites d'enfouissement.

«Nous avons démarré l'entreprise dans une optique écologique. Les fenêtres représentent la plus importante source de déchets dans le secteur de la rénovation. Au Salon de l'habitation de 1997, les entreprises de portes et fenêtres se moquaient carrément de moi. Aujourd'hui, il y en a qui m'appellent pour connaître nos façons de travailler», s'enorgueillit Pierre Montpetit, qui dit avoir fait carrière dans le passé à titre de consultant et de «coach de vie».

Au moment où les mots environnement, revalorisation et développement durable sont sur toutes les lèvres, l'existence d'une PME comme Groupe Fenestra ne passe pas inaperçue. «Les demandes arrivent de partout. Nous sommes déjà à l'étroit dans nos bureaux de Montréal. Nous venons d'ouvrir un bureau à Ottawa, où nous travaillons sur le plus gros contrat de notre histoire», expliquent les dirigeants et principaux actionnaires de l'entreprise à capital fermé.

Après le Québec, puis l'Ontario, Groupe Fenestra souhaite exporter son savoir-faire partout en Amérique du Nord et, pourquoi pas, ailleurs sur la planète. «Notre objectif, c'est de reconditionner un million de fenêtres. Après cela, on verra», dit Pierre Montpetit, président.

En 15 ans de recherche et de développement, mais aussi «d'essais et erreurs», lui et Jocelyn Bédard ont mis au point une expertise qui permet non seulement de reconditionner des fenêtres (en bois ou en aluminium) vieilles de 25 ans et plus, mais de les rendre encore plus performantes qu'avant. «Nous essayons de rendre les fenêtres aussi étanches qu'un hublot de sous-marin. Et nous nous en approchons», dit Pierre Montpetit.

«Nous sommes une option et non pas LA solution. Changer ses fenêtres pour des raisons esthétiques, on comprend cela. Mais ce n'est pas vrai qu'une fenêtre est bonne pour la poubelle après 20 ou 25 ans d'existence. Le verre et l'aluminium sont bons pour au minimum 100 ans. Les gens confondent vie utile et cycle d'usure», explique Jocelyn Bédard, vice-président à la recherche et au développement. M. Bédard se présente comme un autodidacte.

À ce jour, la PME a retapé quelque 150 000 fenêtres, majoritairement au Québec, sur des immeubles à logements, des hôpitaux, des écoles et des bâtiments commerciaux. Faire affaire avec Groupe Fenestra coûte trois fois moins cher que l'achat de fenêtres neuves.

Même s'ils ont le vent dans les voiles depuis environ quatre ans, les deux hommes d'affaires n'en continuent pas moins à faire la promotion de leur entreprise, notamment auprès des architectes. «Ça va très bien pour nous, mais nous constatons que le marché n'est pas encore complètement mûr. Et pour le moment, on ne dérange pas trop, car les marchands de fenêtres ne manquent pas de travail», fait remarquer Jocelyn Bédard.

Groupe Fenestra compte sept unités mobiles. Ses employés s'installent là où les fenêtres doivent être remises à neuf. Chaque fenêtre est démantelée, isolée avec des matériaux plus performants, calfeutrée, etc. Bref, chaque fenêtre est «repensée», pour paraphraser les deux entrepreneurs. «Nous ne faisons pas que changer les «minous» (le calfeutrage) dans le bas des fenêtres. C'est ce que font les vitriers qui veulent nous imiter», note Pierre Montpetit.