L'attentat raté du 25 décembre à bord d'un avion de la Northwest Airlines effectuant la liaison entre Amsterdam et Detroit, qui aurait pu provoquer la mort des 270 passagers, a entraîné un accroissement des mesures de sécurité dans les aéroports internationaux du monde entier.

Depuis ce jour, c'est le branle-bas de combat dans les bureaux d'Optosécurité. Au fil des ans, la jeune entreprise du Parc technologique du Québec métropolitain a développé une technologie brevetée qui lui permet, aujourd'hui, d'être considérée comme un partenaire incontournable des autorités chargées de la sécurité dans les aéroports.

Fondé en 2003, ce «spin-off» de l'Institut national d'optique (INO) a mis au point un logiciel de détection des armes et des liquides dangereux qui permet d'améliorer le rendement des systèmes de contrôle des bagages de cabine.

Depuis peu, la trentaine d'employés d'Optosécurité s'affairaient à adapter le logiciel pour les portails d'imagerie personnelle afin d'accroître la capacité de détection des scanners corporels. On veut aussi protéger la vie privée des passagers puisque les images de ces derniers, lorsqu'ils défilent devant le scanner, ne sont pas vues par les yeux d'un être humain mais traitées par un «cerveau» qui avisera l'agent de contrôle si des objets suspects se cachent sous les vêtements d'un individu.

«Nous travaillions à cette adaptation de notre technologie sur des scanners corporels depuis déjà quelque temps. Ce n'était pas encore une priorité. Le portrait a changé depuis le 25 décembre dernier. Aujourd'hui, la pédale est dans le plancher», explique le président et chef de la direction - et aussi fondateur - d'Optosécurité, Éric Bergeron.

L'entreprise de Québec est déjà associée à trois des quatre plus importants équipementiers mondiaux de systèmes de sécurité dans les transports en vue d'implanter son logiciel dans leurs appareils de vérification des bagages de cabine.

«Un peu comme dans le cas des médicaments, les processus de certification pour l'utilisation de la technologie dans les aéroports sont très longs», commente Éric Bergeron en soulignant que l'entreprise devrait normalement obtenir le feu vert pour implanter l'OptoScreener en 2010 dans les aéroports des États-Unis et de l'Europe de l'Ouest.

La technologie québécoise est déjà à l'essai dans les aéroports de Milan et de Londres. Elle est également utilisée à l'ambassade américaine de Kaboul et dans une centrale nucléaire en Ontario.

Luc Perron, vice-président, gestion de produits d'Optosécurité, n'hésite pas à dire que l'entreprise a réussi à accomplir ce que personne dans le monde de la sécurité des transports et des infrastructures essentielles ne pensait être capable de mettre au point aussi rapidement: un logiciel qui permet d'identifier les propriétés physiques des liquides à l'intérieur des contenants.

«Il s'agit d'une technologie qui combine toute la science du rayon X avec la vision numérique et l'image contextuelle en 3D. Une technologie qui permet de différencier un contenant de sirop d'érable d'une bouteille remplie de nitroglycérine!» explique M. Perron.

De l'avis d'Éric Bergeron, son entreprise est à l'abri, à court terme, de toutes préoccupations financières. En effet, les premières ventes apportent de l'eau au moulin. De plus, l'entreprise a été en mesure de récolter 24 millions de dollars en capital de risque au cours des dernières années.

«Oui, nous avons le vent dans les voiles», assure-t-il.