La PME Targray n'a pas peur des défis. D'ici 10 ans, l'entreprise de Kirkland vise des ventes d'un milliard de dollars. Pour son président, Andrew Richardson, cet objectif est tout à fait réalisable. La preuve: l'homme d'affaires de 39 ans s'était donné 10 ans pour faire passer ses ventes de 10 à 200 millions.Son équipe et lui y sont parvenus en moins de six ans!

Targray est l'un des secrets les mieux gardés à Montréal. L'entreprise de 90 employés (dont 45 disséminés un peu partout sur la planète) se présente comme le plus important fournisseur mondial de matériaux et de produits qui entrent dans la fabrication de matériel pour les médias optiques (CD et DVD). Elle est également un important fournisseur de matières premières dans le domaine de l'énergie solaire, plus particulièrement pour les produits photovoltaïques.

Bref, Targray s'approvisionne en polycarbonate, silicone, pâte d'argent, filtres et autres moules sur les cinq continents pour ensuite revendre ces mêmes produits à des fabricants des quatre coins du monde. Elle est une sorte de quincaillerie de la haute technologie. Ses principaux concurrents sont européens et asiatiques.

«Mais personne n'offre une gamme de produits aussi complète que la nôtre», affirme Andrew Richardson, grand patron de l'entreprise à capital fermé qui appartient à la famille Richardson et dont le chiffre d'affaires a atteint les 250 millions en 2008.

Plus qu'un fournisseur

Ce qui différencie Targray de la concurrence? «Nous sommes plus qu'un simple fournisseur; nous sommes le lien entre celui qui fabrique la matière première et celui qui fabrique le produit final. Nous proposons des solutions d'un bout à l'autre du processus», ajoute le bachelier de McGill, qui dit avoir appris les rouages des affaires aux côtés de son père Thomas A., fondateur de la PME.

Étonnamment, le président de la PME montréalaise explique avoir décuplé son chiffre d'affaires par 25 en s'inspirant des écrits de Jim Collins. L'auteur américain de From Good to Great (De la performance à l'excellence) dit en substance qu'en affaires, il faut se fixer des objectifs démesurés. Des objectifs «gros, velus et audacieux» («big hairy audacious goal!»).

C'est ainsi qu'en 2001, Andrew Richardson et son père ont compris que le marché du CD et du DVD atteindrait bientôt son apogée. Autrement dit, qu'il fallait diversifier les activités de Targray pour en assurer la pérennité. Les Richardson ont eu le génie de devenir fournisseurs dans le secteur des produits photovoltaïques destinés à l'énergie solaire. Aujourd'hui, le solaire représente près de 70% des activités de Targray.

Pour atteindre des ventes d'un milliard d'ici 2017, la famille Richardson et sa petite équipe de penseurs va tenter de reprendre la même recette qui a fait son succès, c'est-à-dire miser sur des secteurs porteurs. Andrew Richardson préfère ne pas dévoiler trop en détail sa stratégie d'affaires.

Tout au plus avons-nous appris que la PME de Kirkland désire s'associer à des secteurs de haute technologie qui connaissent une croissance annuelle d'au moins 20% et qui comptent des centaines de fabricants. L'automobile est donc exclue d'emblée, fait remarquer Andrew Richardson.

La PME a vu le jour en 1984 dans la maison des Richardson à Beaconsfield. Le nom de l'entreprise s'inspire des initiales du fondateur Thomas A. Richardson (TAR) et du prénom du grand-père d'Andrew, Graydon (GRAY). Targray a pris son envol en 1997 lorsqu'elle a conclu une entente avec le géant Dow Chemical pour la vente de polycarbonate. C'est d'ailleurs Targray qui a amené Dow à s'intéresser au secteur de l'énergie solaire, rapporte Andrew Richardson.

L'entreprise québécoise possède près d'une vingtaine de bureaux de ventes et d'entrepôts dans l'hémisphère Nord ; du Mexique à la Corée, en passant par l'Allemagne. Ses plus importantes installations hors Québec sont en Inde et en République tchèque.

Depuis l'automne dernier, Targray est installée dans de nouveaux locaux en bordure de l'autoroute 40, à Kirkland. La PME arrive alors que ses deux voisins immédiats, Triton Électronique et Via Systems, ont cessé leurs activités. L'arrivée de Targray sera-t-elle synonyme de relance dans la région?