Pour faire face à la crise du crédit, Québec débloque un milliard en prêts et garanties de prêts aux entreprises qui ont des problèmes temporaires de capital.

La mesure, déjà annoncée dans la mise à jour économique de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, le 4 novembre, soit la veille du déclenchement des élections provinciales, se décline en 250 millions de financement direct par des prêts, ainsi que 750 millions en garanties de prêts.

«Ça s'adresse aux entreprises qui sont des entreprises saines, performantes, qui ont des difficultés temporaires à cause de la récession qui est installée chez nos clients principaux», a souligné hier en conférence de presse le ministre du Développement économique, Raymond Bachand. Il est urgent d'agir, selon lui, parce que les banques deviennent de plus en plus «frileuses», même si le Canada s'en tire pour l'instant mieux que ses voisins.

Si la crise ne se fait pas encore beaucoup sentir au Québec, la récession qui frappe durement l'Ontario, les États-Unis et l'Europe aura comme conséquence de nuire aux ventes québécoises, estime le gouvernement.

«Vous ne pouvez pas produire des produits qui s'accumulent sur les tablettes et que le consommateur américain n'achète pas, et à ce moment-là vos inventaires montent, parfois vos comptes clients deviennent en difficulté, et donc vous avez besoin d'emprunts additionnels, a expliqué M. Bachand. Il faut aider le fonds de roulement des entreprises.»

D'autres pourront aussi en profiter pour investir dans l'achat d'équipement, la modernisation, afin de profiter de la sortie de crise et de la reprise économique, prévue pour 2010.

Ce programme d'accès au crédit, intitulé Renfort, s'adresse aux entreprises en exploitation depuis au moins trois ans, et qui doivent avoir généré des fonds positifs dans deux des trois dernières années. Ce dernier critère sert à éviter qu'une compagnie au bord de la faillite profite indûment de ce capital prêté ou garanti par le gouvernement.

1500 entreprises

À terme, sur deux ans, le ministre Bachand estime que plus de 1000, voire jusqu'à 1500 entreprises québécoises pourront en bénéficier pour traverser la «tempête».

Puisqu'il s'agit de prêts et de garanties de prêts, et non pas de subventions, le coût pour le gouvernement est moindre, estimé pour l'instant à 41 millions pour la première année et 82 millions pour la suivante.

Les prêts demandés ou à garantir doivent être d'un montant minimal de 250 000$, mais ne doivent pas dépasser 15 millions. Certains secteurs sont par contre exclus: l'agriculture, l'immobilier, l'exploration minière, la vente au détail et le secteur forestier (déjà couvert par le Programme de soutien à l'industrie forestière).

Coup de pouce

Pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), section Québec, l'aide représente un bon coup de pouce, mais aurait pu être mieux ciblée. «Ce qu'on en comprend, c'est que c'est davantage destiné à la moyenne entreprise. Pour les plus petits qui souffrent, ça paraît moins évident», a estimé Simon Prévost, vice-président de la FCEI pour le Québec. Le montant minimal des demandes de prêts est trop élevé, selon lui pour que les petites entreprises puissent en profiter.

«Le gouvernement pèche par excès de prudence, ajoute M. Prévost. Il veut être sûr de prêter à des entreprises qui sont performantes, qui sont structurellement solides et qu'ils n'ont que des petits problèmes conjoncturels. On ne peut pas être contre ça. Mais on aurait pu penser à un montant minimal qui est plus petit que ça.»

Pour la FCEI, il importe que Québec crée à moyen et à long terme un climat d'affaires plus positif pour les petites et moyennes entreprises, notamment en réduisant le fardeau fiscal des PME, qui ont de la difficulté à absorber les coûts fixes des taxes sur la masse salariale, par exemple.

La présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, a pour sa part salué cette mesure très attendue par le milieu.

«Plusieurs PME n'arrivent plus à financer l'achat de matières premières pour produire et livrer des commandes pourtant fermes. Le secteur manufacturier est particulièrement touché. Cette solution vient répondre à ce besoin pressant de crédit des PME qui constituent 95% de nos entreprises», a souligné Mme Bertrand dans un communiqué.