Quoi penser des prix dans les résidences pour personnes âgées ? Le professeur titulaire et directeur du programme de 1er cycle à la faculté des sciences infirmières de l'Université Laval, Philippe Voyer, a accepté de répondre à nos questions. Ses recherches portent sur les soins dans les résidences privées pour aînés (RPA) et les centres d'hébergement publics (CHSLD).

Est-ce une bonne idée de détailler le prix de chaque soin ?

Les avis sont partagés. Certains propriétaires ont mis des prix à la carte à cause de leurs expériences antérieures. Quand ils avaient un montant fixe, les gens en demandaient de plus en plus et étaient très exigeants. Le montant fixe devenait inéquitable pour ceux qui ne demandaient rien et payaient pour les autres. Par équité, certains promoteurs ont choisi de mettre les soins à la carte. Du côté des résidants, certains exigent de payer les soins et services à la carte, parce qu'ils aiment savoir exactement ce qu'ils payent. Ils disent : « Je ne demande rien, je suis raisonnable, je veux payer moins cher. »

Est-ce que les clients paient trop cher pour les soins à la carte ?

Le résidant qui doit payer à la carte et qui a beaucoup de besoins va dire : « Ça me coûte cher. » Mais ce n'est pas dans les soins qu'il y a des marges de bénéfices pour les propriétaires. Prenez par exemple l'accompagnement aux toilettes. Est-ce que la personne est dans son lit ? Est-ce qu'on fait un transfert de son lit à un fauteuil roulant ? Est-ce que la toilette est dans sa chambre ou plus loin dans l'unité ? Et une fois aux toilettes, on doit refaire un transfert sur la toilette. Quand ça coûte 9 $ chaque fois, le propriétaire ne rentre pas dans son argent. Par contre, si la personne est autonome avec des troubles cognitifs, elle n'a besoin que d'être orientée. Là, ça devient payant.

Est-ce que les résidants en ont pour leur argent ?

De grands groupes comme Groupe Maurice, Chartwell et Sélection Retraite donnent de la qualité et ont de beaux bâtiments. Le problème, c'est qu'une infirmière ou un professeur au secondaire à la retraite ne sont pas capables de se payer ça. Ce sont des gens privilégiés qui ont les moyens d'aller dans une résidence de ces groupes-là. Le seul grand groupe qui est dans la classe moyenne et qui offre un bon service, c'est Résidences Soleil. Il y a aussi des résidences privées individuelles. Par contre, elles ne sont pas capables d'avoir des effets de volume et d'offrir certains programmes et services.

Dans les CHSLD, les gens payent selon leurs moyens, jusqu'à un maximum de 1800 $ par mois, mais est-ce qu'il y a de la place pour tout le monde ?

On va avoir besoin de 100 000 nouvelles places dans les 10 prochaines années. Le public ne peut pas construire à ce rythme-là et il n'a pas l'argent pour faire de l'immobilier. Les CIUSSS vont finir par avoir 5000 personnes en attente pour une place en CHSLD et réaliser que même si on en construit trois de 300 places, ça ne réglera pas le problème. Le mode de fonctionnement actuel ne pourra pas répondre aux besoins futurs. Avec le vieillissement de la population, la demande va être tellement grande que les gens vont être obligés d'être créatifs.

Quel serait le modèle de résidence idéal, selon vous ?

Un partenariat entre les résidences privées pour aînées (RPA) et les CIUSSS. Les résidences privées pour aînées pourraient assurer l'hébergement, le couvert, la surveillance, les loisirs, mais les soins devraient venir du soutien à domicile. Les RPA ne sont pas des experts en soins de santé. Le CIUSSS Mauricie-Centre-du-Québec a une équipe RPA à domicile. Ils font un travail optimal avec les RPA de leur territoire. C'est un des plus beaux modèles au Québec. Le RPA fait son travail. Le CIUSSS fait son travail. Ils ont trouvé un bon terrain d'entente. Et qui est gagnant ? Le résidant.