La chose aurait été impossible il y a deux ans à peine, mais depuis que l'Autorité des marchés financiers (AMF) l'a autorisé, les investisseurs immobiliers peuvent recourir au sociofinancement pour mener à bien leurs projets. L'AMF a toutefois dicté des règles strictes.

Le sociofinancement, ou financement participatif, consiste à recueillir de petites sommes par le truchement d'une plateforme internet auprès de plusieurs personnes pour réaliser un projet précis.

« Le sociofinancement, ce n'est pas uniquement du love money, c'est-à-dire de l'argent qui provient des proches. On a plutôt recours à de purs étrangers. Si on leur promet des rendements, cela devient une activité à valeur mobilière soumise à des règles », explique Sylvain Théberge, directeur des relations avec les médias à l'AMF.

Partout dans le monde, le sociofinancement immobilier est en pleine expansion. Le marché était évalué à 2,54 milliards en 2015.

UN INVESTISSEMENT SÉRIEUX

Au Québec, la plateforme RealStarter est la première à se consacrer exclusivement aux projets immobiliers.

Francis Lavoie, courtier immobilier, Jean-Sébastien Drolet, avocat, et Do Nguyen, ingénieur informatique, sont les trois fondateurs de RealStarter.

« Le but est de permettre à des gens qui s'intéressent à l'immobilier de casser la glace avec un petit investissement. » - Jean-Sébastien Drolet, avocat

« Les promoteurs peuvent aussi démarrer des projets qui seraient impossibles parce que la mise de fonds serait insuffisante », explique M. Drolet. 

Pour profiter des services de RealStarter, les entrepreneurs doivent avoir de l'expérience en immobilier, investir des sommes de leur poche dans le projet et offrir un bon potentiel de rendement. « Nous étudions chaque projet individuellement. L'objectif est d'offrir des rendements entre 8 et 12 % », commentent les trois entrepreneurs.

S'il n'y a pas de frais à assumer de la part des investisseurs, les promoteurs, eux, devront verser une partie des sommes reçues à RealStarter.

Comme tout autre investissement, l'argent versé dans une campagne de sociofinancement ne garantit pas un rendement. Ghislain Larochelle, formateur en immobilier et propriétaire d'Immofacile, croit que les investisseurs doivent agir avec prudence.

« Certains projets vont échouer, d'où l'importance de les analyser correctement. Il faut s'assurer que le portail est accrédité par l'AMF et vérifier qui est derrière le projet. »

UN PREMIER PROJET DANS LA PROVINCE

À 34 ans, Yanick Guillemette a déjà un long parcours à titre de promoteur immobilier. Actuellement propriétaire du spa Blü, c'est lui qui a récemment lancé le premier projet sur la plateforme RealStarter. 

Son objectif : développer sa station thermale en y ajoutant une trentaine de chalets. Il compte amasser 150 000 $ en 90 jours. « L'objectif de rendement est de 8 % par an. »

D'entrée de jeu, l'entrepreneur admet qu'il pourrait réaliser son projet sans l'apport du sociofinancement. S'il a décidé de faire le saut, c'est d'abord parce qu'il croit en ce type de financement.

« Les banques ont fermé le robinet. Leurs exigences sont de plus en plus nombreuses et n'incitent pas au développement immobilier. Je pense qu'il est temps de faire nos affaires nous-mêmes. »

PHOTO FOURNIE PAR YANICK GUILLEMETTE

L'objectif du propriétaire du spa Blü est de développer sa station thermale en y ajoutant une trentaine de chalets.

PHOTO FOURNIE PAR YANICK GUILLEMETTE

Aperçu d'un chalet que souhaite ajouter Yanick Guillemette sur le site du spa Blü, situé à Saint-Tite.