Lancé en 2013, le blogue canadien Farnam Street rejoint plus de 100 000 fidèles - un lectorat éclectique constitué d'investisseurs, d'enseignants et de PDG d'entreprises du Fortune 500. Sa promesse ? Vous aider à « mieux réfléchir, prendre de meilleures décisions et apprendre des solutions que d'autres ont trouvées avant vous », notamment en étudiant la pensée de Charlie Munger, bras droit de Warren Buffett. « Jamais je n'aurais cru que le projet aurait décollé comme ça », explique en entrevue son créateur, Shane Parrish, qui habite Ottawa.

Quelle est l'idée derrière Farnam Street ?

L'idée, c'est que le monde est pluridisciplinaire et que si vous regardez un problème à travers le prisme de votre expérience personnelle ou de vos connaissances dans un domaine précis, vous arriverez à une prise de décision qui n'est peut-être pas optimale. Durant mon MBA, je voulais en apprendre davantage sur la psychologie, les modèles mentaux, les connexions entre la science et les affaires, et j'ai vite réalisé que ce n'était pas au programme. J'ai donc créé un site web anonyme pour archiver les articles et les études que je trouvais intéressants. En 2013, j'ai commencé à y mettre plus de temps. J'ai transformé le site en communauté pour les gens souhaitant améliorer leur prise de décision, redécouvrir leur curiosité et finalement devenir une meilleure version d'eux-mêmes. Jamais je n'aurais cru que le projet aurait décollé comme ça. Nous avons 100 000 lecteurs assidus sur le blogue, et plus de 82 000 personnes sont abonnées à notre bulletin hebdomadaire Brain Food. Nous vivons une croissance lente et constante, ce qui est idéal.

Farnam Street est le nom de la rue où se trouve le siège social de Berkshire Hathaway à Omaha, au Nebraska. Pourquoi avoir choisi ce nom ?

C'est bien sûr un hommage à Berkshire Hathaway, plus spécialement à Charlie Munger et à Warren Buffett et à l'impact qu'ils ont eu sur ma vie. À l'université, j'ai découvert la biographie de Warren Buffett écrite par Roger Lowenstein, Buffett : The Making of an American Capitalist, que j'ai dévorée. Puis je me suis intéressé à son partenaire, Charlie Munger. J'ai exploré leurs écrits, leur univers, et j'ai trouvé cela fascinant et enrichissant. Ils sont tous les deux incroyablement riches, ils sont très généreux avec leur temps et leur capital et ils essaient d'être des exemples positifs autour d'eux. Ils n'arrêtent jamais de lire, d'apprendre et d'être curieux. Ils ont des valeurs et des principes que je partage.

Quel est le profil des gens qui vous lisent ?

Ce qui est génial, c'est que nous rejoignons autant des PDG d'entreprises du Fortune 500 que des enseignants du secondaire en Californie, et tout le monde entre les deux. Nos lecteurs sont des républicains, des démocrates, des progressistes, des conservateurs. Nous organisons deux événements publics par année, intitulés « Re : Think Workshop », et les gens viennent parce qu'ils ont un réel intérêt. Ils découvrent un groupe de gens qu'ils n'auraient jamais rencontrés autrement. Ce sont des gens qui ont en commun une passion pour en apprendre davantage sur eux et sur le monde. L'an dernier, nous sommes allés à Hawaii, nous étions 50 à parler, à lire, à réfléchir, c'était phénoménal. Je dirais que 50 % des participants viennent du monde de la finance et 50 % viennent d'autres domaines.

Comment vous est venu votre intérêt pour les investissements et la finance ?

Mon enfance était loin d'être difficile, mais je n'ai pas eu une enfance dorée non plus. Jeune, je voyais mes parents qui devaient décider entre réparer la voiture ou réparer le toit de la maison. Quand ils parlaient à leur conseiller financier, le jargon me semblait impossible à déchiffrer. J'ai décidé que je ne voulais jamais me trouver dans une situation où je ne comprendrais pas les choses liées à l'argent. Je voulais être capable de faire la différence entre les gens qui disent des balivernes et les gens qui ont de vraies connaissances. Il y a tellement d'avantages dans la vie quand vous êtes capable de différencier les deux, et vous voulez vous associer aux gens qui ont de vraies connaissances. L'idée est d'avoir plusieurs outils dans son coffre à outils mental. Plus vous avez d'outils, plus vous serez capable de résoudre les problèmes dans le futur. Vous n'utiliserez pas tous les outils chaque jour, mais ils seront là quand vous en aurez besoin.

Vous venez de lancer Farnam Street Holdings. De quoi s'agit-il ?

Avec des partenaires, nous avons récolté du capital et nous voulons acheter des entreprises privées établies, qui traitent bien leurs clients et n'ont pas beaucoup de dettes. Bref, des entreprises ennuyeuses et prévisibles, qui n'ont pas besoin de se réinventer. Nous essayons de reproduire le modèle de Berkshire Hathaway, à une échelle beaucoup plus petite. Il y a beaucoup de baby-boomers qui veulent prendre leur retraite, et ils ne savent pas quoi faire avec leur entreprise qui vaut entre 5 et 10 millions de dollars. Ces entrepreneurs sont si passionnés qu'ils ne veulent pas vendre à n'importe quel groupe financier. Alors si vous avez des idées, faites-moi signe !

>>> Consultez le site de Farnam Street (en anglais)