Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Jeffrey Lusher, de la Banque de Montréal.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse ?

Certainement la mise à jour, vendredi matin, de l'indice américain ISM au sujet des perspectives économiques pour les six prochains mois. L'indice est arrivé légèrement sous les attentes, mais il s'est quand même maintenu. Il y a aussi eu le dollar canadien qui a avancé d'environ un cent et demi par rapport à la devise américaine de lundi à mercredi, avant de reculer par la suite. Également, le PIB du premier trimestre aux États-Unis s'est avéré moins élevé que prévu. On sait toutefois pourquoi : c'est lié à la rigueur de l'hiver.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement ?

On joue sur deux niveaux : tactique et stratégique, donc long terme versus court terme. On regarde ainsi plusieurs choses pour différentes raisons. On surveille notamment l'indice ISM, les données sur la consommation (dépenses, endettement, etc.), la croissance de l'emploi et le marché immobilier. On s'attarde à la tendance prise par ces indicateurs. Il faut regarder l'historique des données pour tenter d'évaluer où l'économie se dirigera sur un horizon de six mois et plus.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir ?

Je recommanderais une région géographique en particulier : le marché boursier américain pour un placement à long terme (six mois et plus). Simplement un investissement dans des blue chipsaméricains de façon générale, dans l'indice S&P 500 ou dans le Russell 3000. La performance de la Bourse américaine sera supérieure à celle de la Bourse canadienne. La raison est simple, c'est essentiellement à cause du pétrole et des ressources.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Évitez les obligations gouvernementales. J'ajouterais aussi d'éviter le marché canadien, par rapport au marché américain, évidemment. Le prix du baril de pétrole a beaucoup reculé, mais ça peut être long avant de revoir le prix revenir à 100 $ le baril. Nous entrons dans une période de croissance normalisée, et comme le marché canadien est fortement surpondéré en pétrole et en métaux, le secteur financier ne pourra traîner à lui seul la Bourse canadienne. Il y a plus d'occasions aux États-Unis en technologies, produits industriels et soins de santé.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus ?

Je crois que l'économie américaine au deuxième trimestre sera un peu moins forte que prévu. Pour compenser ce que nous avons observé au premier trimestre, le marché semble s'attendre à un rebond plus fort que ce que nous verrons. Il y aura un rebond, mais moins fort qu'estimé pour les mois d'avril, mai et juin.

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Jeffrey Lusher est gestionnaire de portefeuille et vice-président et directeur régional, gestion de placement pour l'est du Canada, chez BMO Gestion privée de placements. Il travaille pour la BMO depuis 2006. Auparavant, il a notamment travaillé pour BLC-Edmond de Rothschild pendant six ans. L'actif sous gestion qu'il supervise s'élève à 5,5 milliards de dollars. Au Canada, l'actif sous gestion de BMO Gestion privée atteint 24 milliards.