Ce n'est pas d'hier qu'on peut compter sur le web pour jouer les entremetteurs. Les derniers sites de « rencontres » en vogue s'appliquent à mettre en relation prêteurs et emprunteurs, avec de doux bénéfices pour tout le monde. Affinités non exigées.

Le Lending Club est le pionnier du genre aux États-Unis. C'est la première société de prêt entre particuliers enregistrée auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC). C'est aussi la première à avoir fait le saut boursier.

Signe de l'intérêt que le groupe suscite, la jeune pousse a réussi à lever 870 millions US lors de son premier appel public à l'épargne, à la fin de l'année dernière. Le spécialiste canadien du capital-risque Paul Kedrosky, de SK Ventures, a qualifié l'offre de « 10 000 fois plus intéressante » que celle du chinois Alibaba. « Davantage de potentiel de vive croissance à venir, et non passée comme dans le cas de BABA », a-t-il tweeté.

Le Lending Club a effectivement fait une entrée tonitruante à Wall Street. Le titre a terminé sa première séance à la grande Bourse de New York Stock à plus de 23 $US, un bond de 56 % par rapport à son prix d'introduction de 15 $US. Il a ensuite grimpé jusqu'à plus de 29 $US, avant de se replier aux environs de 20 $US ces derniers jours.

Basé à San Francisco, le Club vaut près de 7,4 milliards US, la consécration pour une entreprise fondée il y a seulement 7 ans. C'est cinq fois plus que la Banque Laurentienne, la septième banque en importance au Canada, avec tout de même 152 succursales.

Le fondateur de l'entreprise, Renaud Laplanche, 44 ans, a été champion de France de Laser (dériveur barré en solitaire) dans sa jeunesse et rêvait de participer aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Ancien avocat d'affaires à Paris puis à New York, il est aussi à l'origine de TripleHop Technologies, un moteur de recherche pour entreprises racheté en 2005 par le groupe informatique américain Oracle.

Rencontre en ligne

L'idée du club lui est venue en examinant son relevé de carte de crédit américain portant un taux d'intérêt de 18 % quand le taux de rémunération de son compte d'épargne, lui, rapportait seulement 1 %. Il pense réduire cet écart en rapprochant épargnants et emprunteurs, d'abord sous la forme d'une application Facebook.

Le prêteur alternatif connaît une croissance fulgurante dans le contexte d'abondantes liquidités et de durcissement des conditions de prêts par les banques traditionnelles confrontées à une réglementation plus stricte. Le géant du microcrédit a généré des prêts aux particuliers et aux petites entreprises de plus de 4 milliards US durant les 9 premiers mois de l'année 2014, soit 2 fois plus que pour la période correspondante de 2013.

Les sommes prêtées vont de 35 000 à 100 000 $US, avec un taux annuel moyen d'environ 6,8 % contre une moyenne nationale de 9,1 %. Le groupe prélève une cote variant de 1,1 à 5,0 %. Il impose aussi des commissions aux prêteurs, auxquels il promet un rendement sur investissement de 4,7 à 7,6 %. Cela représentait un chiffre d'affaires de 143 millions US pour les 9 derniers mois comptabilisés.

L'entrée en Bourse doit permettre à Lending Club de poursuivre son développement. La société se diversifie en s'adressant aux petites entreprises. Elle vient de racheter Springstone, un groupe spécialisé dans les prêts de santé. « On a des projets pour offrir des prêts étudiants, des prêts automobiles, des crédits hypothécaires, aux États-Unis avant l'international », dit M. Laplanche, en entrevue à l'AFP.

La plateforme d'échange du club est accessible seulement aux États-Unis pour l'instant. L'aventure ne s'est pas faite sans accroc puisque Renaud Laplanche a été contraint de fermer la plateforme pendant six mois avant d'obtenir l'aval de la SEC.

Mais il a réussi à séduire de grands noms des milieux d'affaires américains. L'ex-secrétaire au Trésor Lawrence Summers et John Mack, l'ancien président de la banque d'affaires Morgan Stanley, siègent à son conseil d'administration.

Alliances

Le Lending Club est associé à Google. Selon un accord récent, la plateforme de prêts propose des prêts à faibles taux allant jusqu'à 600 000 $US aux revendeurs du géant américain de l'internet. Google a d'ailleurs été l'un des premiers investisseurs privés dans le Lending Club.

L'entreprise californienne de microcrédit vient de nouer un partenariat similaire avec le géant chinois de la distribution Alibaba. La plateforme va avancer entre 5000 et 300 000 $US à des taux d'intérêt variant de 0,5 % à 2,4 % aux petites entreprises américaines se fournissant auprès de Chinois via Alibaba.com.

- Avec AFP

Premiers pas au Canada

Déjà bien implanté aux États-Unis, en Europe et en Australie, le microcrédit en ligne n'en est qu'à ses premiers pas au Canada. Grouplend, de Vancouver, offre depuis octobre des prêts à la consommation, de 1000 à 30 000 $, aux résidants de toutes les provinces canadiennes, à l'exception du Québec et de la Nouvelle-Écosse.

Ce n'est toutefois qu'une question de temps avant que l'entreprise de Vancouver offre des prêts dans ces deux provinces, promet le président et fondateur Kevin Sandhu.

Une deuxième plateforme, Borrowell, de Toronto, doit bientôt entrer en activité au Canada. Ces deux entreprises ne sont pas cotées en Bourse.