Au Québec, il y a trois certitudes : l'impôt, l'hiver et les moustiques. Aussi bien s'y faire. Dans le cas des moustiques, le nombre de possibilités pour leur faire la guerre a littéralement explosé ces dernières années. Les prix aussi : de 0,99 $ à plusieurs centaines de dollars. Voici où nous en sommes en matière de chasse aux moustiques.

Gratuité totale

Oui, on peut priver les moustiques d'un bon repas sans dépenser un cent. Santé Canada recommande de porter des vêtements longs et de couleur pâle, d'éviter les activités à l'aube et à la brunante, et d'éliminer les sources d'eau stagnante. Dans votre cour, changez régulièrement l'eau de votre bain d'oiseaux, videz les assiettes sous vos pots de fleurs en terracotta, etc. « Selon la météo, il ne faut parfois que deux semaines pour qu'un moustique passe du stade d'oeuf à celui d'adulte », explique Marjolaine Giroux, entomologiste à l'Insectarium de Montréal.

Petit budget de guerre

On peut également chasser les moustiques pour trois fois rien avec des ingrédients qu'on trouve à la maison. Il faut toutefois accepter de sentir moins bon. Selon Anny Schneider, herboriste et auteure de quatre best-sellers sur les plantes médicinales, la méthode la plus économique est de se badigeonner de vinaigre de vin de fruits ou de pomme. « Ça ne sent pas très bon, ça peut assécher la peau, mais c'est très efficace ; les moustiques détestent l'odeur du vinaigre », dit-elle. Autre truc infaillible, selon l'herboriste : l'oignon. On se frotte avec un oignon coupé ou on en traîne sur soi dans une petite pochette. Très pratique en camping ou lors de randonnées en forêt.

Attaque à 1 $

Signe des temps, même votre téléphone intelligent aurait la capacité d'empêcher les moustiques de vous sucer le sang. Des applications vendues de 0,99 à 1,99 $ émettent des ultrasons inaudibles pour l'humain, mais insupportables pour les prédateurs volants. Ça fonctionne ? Les avis sont partagés. Les moustiques mâles seraient sensibles aux ultrasons. Le hic : ce sont les femelles qui piquent. Des chroniqueurs technos bien en vue jurent que le produit est génial. « Je n'y crois pas vraiment, dit l'entomologiste Marjolaine Giroux. J'ai vu des moustiques aller se poser sur le téléphone ayant l'application. »

Guerre chimique

Présenté comme l'un des répulsifs les plus redoutables contre les moustiques et les tiques, le DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide) continue à être le produit le plus prisé par les Québécois. Vendues entre 6,99 et 10,99 $, Muskol, Off et Kombat sont parmi les marques les plus connues. À éviter chez les nourrissons et ne pas excéder une concentration de 10 %, ni une exposition prolongée chez les enfants de 2 à 12 ans. Le New England Journal of Medicine a déjà affirmé que ce produit chimique, utilisé pour la première fois lors de la guerre du Viêt-Nam, est relativement sécuritaire. Huit milliards de personnes l'ont utilisé depuis 40 ans. Au Canada, les produits contenant du DEET ne peuvent excéder une concentration de 30 %. Aux États-Unis, ce pourcentage grimpe à 98,2 %.

Guerre biologique

Les aficionados de produits biologiques ou naturels trouveront leur compte en matière de chasse-moustiques. Bonne nouvelle, plusieurs produits sont fabriqués ici même au Québec. Le Moustikair (18 $ pour 32 mL) est élaboré à Bromont par Mikael Zayat. Contient uniquement des huiles essentielles (eucalyptus, citronnelle, menthe, etc.) qui n'irritent pas la peau. Vient ensuite le Citrobug (10 $ les 100 mL). Un peu huileux, mais aussi efficace qu'un produit contenant 25 % de DEET, promet le fabricant Heloïse Laboratoire. Enfin, Bohemia commercialise la lotion AntiMosquito (à partir de 10 $ les 60 mL) qui contient une concentration de citronnelle de 15 %.

Commando citronnelle

Au même titre que le DEET, la citronnelle est très en vogue au Québec. Dans son rôle de chasse-moustiques, elle se décline dans une multitude de produits. Pour être efficace, une concentration entre 7 et 30 % est essentielle. Parmi les incontournables : les chandelles et les lanternes (de 0,25 à 10 $), de même que les torches (de 4,99 à 25 $) fonctionnant à l'huile de citronnelle (10,99 $ le gallon). Parmi les nouveautés : les bûches pour les foyers extérieurs (de 4,99 à 19,99 $), les bracelets, efficaces pour 180 heures (9,99 $) ou 240 heures (13,99 $), le savon Escapade (3 $) et le déodorant Écotrail (10 $) du fabricant canadien Druide.

Secret de guerre

Les chasseurs et les pêcheurs s'y connaissent en matière d'insectifuge. Nous avons demandé à Louis Turbide, rédacteur en chef du magazine Sentier chasse et pêche, quelles étaient ses stratégies pour faire la vie dure aux moustiques, brûlots et autres mouches à chevreuil. Ses secrets de guerre : la lotion corporelle Watkins (à partir de 7,99 $), de même que les lanternes de marque ThermaCell (de 20 à 39 $). Les produits Watkins contiennent du DEET (jusqu'à 29 % de concentration pour le format adulte). Ceux de ThermaCell sont alimentés par des piles AA, de même qu'une cartouche au butane qui brûle une languette à base d'Alléthrine, un produit chimique dérivé du chrysanthème.

Gros canon

Besoin d'un bazooka pour chasser les moustiques ? Optez pour le piège au propane. Le fabricant américain Mosquito-Magnet en offre 3 modèles de 300 à 900 $. Ajoutez à cela la bouteille de propane (30 $), le combustible (15 $ par mois), les cartouches (20 $), etc. Couvre un acre de terrain. Le plus petit modèle (Patriot) est doté d'un fil électrique de 50 pieds. Les deux autres sont à piles. Haut d'à peine un mètre, l'appareil dégage du CO2 qui attire les moustiques. Ceux-ci sont alors piégés. Plus efficace en début de saison pour décimer les premiers moustiques qui, ainsi, ne pourront pas pondre d'oeufs. Décriés par certains, car les pièges au propane émettent des gaz à effet de serre.