Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Marc Dalpé, du groupe Dalpé-Milette à Montréal.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse ?

Selon moi, c'est le fait que le marché boursier semble avoir trouvé son plancher après la récente correction et a un peu récupéré. Ça montre qu'il y a encore du jeu dans le marché et que les gens n'ont pas abandonné l'idée que la croissance économique sera au rendez-vous au cours de la prochaine année. Je retiens davantage cet aspect cette semaine que la publication de chiffres hebdomadaires, mensuels ou trimestriels.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement ?

Ce qui nous importe le plus est de savoir à quel point la croissance économique a une influence dans la performance de la Bourse enregistrée au cours de la dernière année. L'économie n'a pas été spectaculaire l'an passé, mais la hausse des cours boursiers, elle, a été spectaculaire. C'était basé sur la prémisse que cette année et l'an prochain, la croissance économique accélérerait dans la plupart des pays du monde. On veut voir si les principaux indicateurs économiques (l'emploi, le PIB, les commandes, etc.) confirmeront ou non l'optimisme du marché. Il risque de survenir de la volatilité selon les nouvelles qui seront annoncées.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir ?

Je favorise assurément le marché des actions et non pas les obligations ou des positions en liquide. Je suis optimiste envers les banques canadiennes (nous détenons la Scotia, la TD et la Royale depuis plusieurs années) et les titres cycliques. Je pourrais citer en particulier Teck Resources. Ce titre a le potentiel sur 18 à 24 mois pour atteindre un niveau de 50 % plus élevé que son niveau actuel. Aux États-Unis, nous avons notamment une exposition aux titres de technologies par l'entremise de fonds négociés en Bourse. Nous avons aussi une exposition au secteur industriel et au secteur financier aux États-Unis. Nous pensons que plusieurs entreprises américaines n'ont pas suffisamment investi depuis quatre ou cinq ans et qu'elles s'apprêtent à le faire après avoir réduit leurs dépenses dans les dernières années.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Nous aimons mieux l'Europe que le marché américain. Le marché américain est plus dispendieux en matière de prix. La devise américaine est aussi la plus coûteuse. Et il y a moins de potentiel à la hausse chez les entreprises américaines, car elles ont moins souffert récemment. En Europe, la devise est plus faible, les entreprises commencent à faire des profits, et on est là où les États-Unis se trouvaient il y a trois ou quatre ans. Les cours boursiers sont 40 % plus bas qu'aux États-Unis. Toute chose étant égale, il y a plus de potentiel à la hausse en Europe qu'aux États-Unis. Je ne dis pas qu'il faut éviter le marché américain, mais les meilleurs rendements ne se trouveront pas aux États-Unis au cours des deux prochaines années.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus ?

C'est le potentiel du secteur canadien des ressources. Le marché exagère en ce qui concerne les perspectives. Avec le cours déprécié, il ne faudrait pas un grand changement de perception pour que les cours augmentent de façon substantielle. Les cours sont dépréciés parce que les gens regardent sur 3 mois et 6 mois au lieu de 6 ans et 10 ans. D'un côté, les pays occidentaux regagnent une marge de manoeuvre fiscale. Une grande partie de cette marge ira dans les projets d'infrastructures. Ça va créer de l'emploi. D'un autre côté, il y a les marchés émergents qui roulent encore de manière significative. Ces deux facteurs seront bons pour la demande pour les ressources (et pas seulement pour les ressources canadiennes) et en particulier pour les métaux de base.