Au cours de la dernière année, Warren Buffett a mis sur la table plus de 300 millions pour acheter une soixantaine de journaux locaux dont le journal de sa ville, l'Omaha World-Herald, ce qui lui a valu le surnom laconique de «papivore» de la part du quotidien français Libération. Sentimental, le papi? Pour les initiés, Warren Buffett applique simplement sa stratégie de toujours: parier sur un secteur en disgrâce. L'entreprise de transport ferroviaire Burlington Northern Santa Fe et le fabricant de produits chimiques Lubrizol sont d'autres récents exemples.

Buffett est l'emblème même de l'investissement axé sur la valeur des entreprises. Le concept, qui consiste à acheter des titres sous-évalués, peut paraître simpliste, mais il exige beaucoup de flair.

Le maître investisseur s'appuie sur quelques critères simples pour choisir ses investissements: peu ou pas de dette, un avantage compétitif durable et une direction compétente et passionnée.

Il privilégie les sociétés avec de faibles évaluations en matière de bénéfices, suivant le principe qu'une bonne affaire est nécessairement sous-évaluée en Bourse, ce qui est à l'encontre de l'hypothèse d'efficience des marchés (une croyance purement académique selon lui). C'est précisément l'écart entre le cours en Bourse d'une société et sa valeur réelle qui donne au «sage d'Omaha» la marge de sécurité dans ses décisions d'investissement.

Buffett met aussi un point d'honneur à ne pas investir dans des secteurs qu'il ne comprend pas. C'est ainsi qu'on le retrouve souvent avec des sociétés leaders dans leur secteur avec un profil clair, comme Coca-Cola ou American Express, mais qu'il a renoncé à accompagner son ami Bill Gates dans l'aventure Microsoft.

Un autre de ses principes est d'investir sur le long terme. C'est ainsi qu'il entend ne jamais revendre une entreprise ou une participation. Un joli défi pour ses émules: investir dans une action avec la même conviction que s'ils devaient racheter toute l'entreprise et la garder à vie.

Au bout du compte, les principes d'investissement de Warren Buffett sont empreints de bon sens. La règle numéro un, dit-il, est de chercher à ne pas perdre d'argent. La règle numéro deux, ajoute-t-il avec malice, est qu'il ne faut pas oublier la règle numéro un.