Difficile d'obtenir du rendement réel en Bourse ces temps-ci, après la mini-correction des dernières semaines.

Et que dire des perspectives à moyen terme alors que les nuages financiers et économiques s'accumulent à nouveau un peu partout, particulièrement en Europe et en Amérique du Nord.

N'empêche, pour les particuliers-investisseurs, il y a plus que jamais des moyens peu coûteux d'obtenir du rendement réel et bien diversifié en Bourse, sans attendre un éventuel regain des cours.

Il s'agit des fonds négociés en bourse (FNB) dont le portefeuille est concentré dans des titres à revenus élevés: actions à dividende, actions privilégiées, parts de fiducies immobilières, obligations à taux d'intérêt élevé provenant d'entreprises ou de certaines instances publiques.

«La recherche de revenu est un thème important en période de flottement boursier. En particulier les actions à dividendes bien établis, qui sont très favorisés comme placements un peu défensifs face à l'incertitude boursière», résume Sylvain Roy, directeur de placements en actions chez Fiera Capital, une firme montréalaise dont l'actif géré passera bientôt de 28 à 50 milliards$ avec l'achat de la filiale Natcan de la Banque Nationale.

Pour les particuliers-investisseurs, cependant, il demeure difficile de bien s'y retrouver dans la grande variété de titres à revenus disponibles sur le marché, sans compter le risque accru qui pèse sur un titre particulier en raison de la diversification limitée de la plupart des portefeuilles individuels.

Dans ce contexte, l'essor des FNB dont l'actif est constitué de titres producteurs de revenus (dividende, coupons d'intérêt) s'avère de plus en en plus attrayant pour les particuliers-investisseurs.

Des exemples?

Avec la collaboration d'analystes de la Financière Banque Nationale, La Presse Affaires a recensé les FNB cotés à la Bourse de Toronto qui affichent le plus haut taux de rendement au comptant ces temps-ci.

Ce rendement reflète la valeur totale annuelle des distributions en comptant, versées mensuellement, en fonction du prix courant des parts de chaque FNB coté en Bourse.

Les résultats de cette recension sont inscrits dans les deux tableaux reproduits ci-dessous et regroupés selon le type d'actif.

Des constats intéressants se dégagent. Entre autres, des rendements au comptant de l'ordre de 4 à 5% sont accessibles parmi les FNB d'actions à dividende et de parts de fiducies immobilières.

Du côté des FNB de titres obligataires, certains offrent ces temps-ci des rendements au comptant de plus de 5% sur une base annualisée. Et même au-delà de 7% dans le cas de FNB d'obligations à taux élevé émises par des entreprises américaines.

Quant au risque de volatilité de ces FNB par rapport au marché? Tout indique depuis quelques trimestres que ce risque serait en fait moindre que pour les principaux indices de marché.

À la Financière Banque Nationale, par exemple, le portefeuille-type de FNB canadiens de titres à revenus de dividendes ou d'intérêt affiche un rendement total (valeur " distribution) de 1,7% depuis le début de l'année.

Minime à première vue, un tel rendement total est tout de même à l'inverse du rendement négatif de 2,6% attribué à l'indice de marché S&P/TSX, après l'inclusion du dividende.

Pris séparément, certains FNB canadiens de titres à revenu affichent un rendement total de l'ordre de 3%, de 5% et même jusqu'à 10% depuis le début de l'année, selon leur spécialisation.

Pour l'analyste Pat Chiefalo, spécialiste des FNB à la Financière Banque Nationale, ces chiffres démontrent l'attrait des FNB à revenus pour les particuliers-investisseurs à la recherche de rendement encaissable à court terme, tout en réduisant la volatilité de leur portefeuille.

«L'offre de FNB à revenus sur la Bourse canadienne s'est améliorée considérablement afin de répondre à la forte demande parmi les investisseurs. Ces FNB à revenus sont même devenus une façon peu onéreuse pour les petits investisseurs d'effectuer des placements mieux diversifiés et qui peuvent servir un peu de tampon face à la volatilité boursière», explique M. Chiefalo.

«Notre portefeuille-type de FNB à revenus affiche pour la deuxième année consécutive un rendement total meilleur que le marché. L'an dernier, alors toute la Bourse était négative lors du premier épisode de la crise de dette en Europe, notre portefeuille-type s'est maintenu en rendement neutre grâce à ses revenus de dividendes et d'intérêt.»

Un bémol fiscal, toutefois: les particuliers qui investissent dans des FNB à revenus doivent aussi bien en prévoir l'impact sur leur impôt à court terme.

Sous notre régime fiscal, les revenus mensuels provenant de la plupart des FNB d'actions à dividendes ou d'actions privilégiées bénéficient du traitement avantageux réservés aux dividendes d'entreprises canadiennes.

En contrepartie, les revenus mensuels provenant de la plupart des FNB de titres obligataires à coupons élevés sont pleinement imposés, comme le sont les revenus directs d'intérêt de sources canadiennes.

C'est pourquoi les analystes suggèrent aux particuliers-investisseurs d'effecteur leurs placements en FNB à revenus d'intérêt par l'entremise de comptes à l'abri de l'impôt, comme le REER et le CELI.

Les placements en parts de FNB à revenus de dividendes, eux, ont avantage à être effectués par l'entremise de comptes pleinement soumis à l'impôt.