Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Michele Robitaille, directrice générale, placements à revenus, chez la firme torontoise Guardian Capital LP. Une phase de consolidation en vue Martin Vallières

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Après un fort élan positif depuis octobre 2011, je crois que le marché boursier entre en phase de consolidation et de correction. Le principal déclencheur du repli boursier des derniers jours était les statistiques économiques un peu faibles en provenance de la Chine. Elles ont accentué la préoccupation des marchés envers un ralentissement de la croissance dans les économies émergentes.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment?

Je suis surtout les indices américains de l'activité manufacturière et des directeurs d'achat des entreprises pour y percevoir des signaux de croissance ou de repli.

Je suis aussi l'évolution des demandes d'assurance-emploi et du nombre de salariés aux États-Unis. La croissance de l'emploi y est nécessaire pour soutenir les dépenses des consommateurs et la poursuite de l'expansion économique.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

J'investirais dans un portefeuille d'actions à dividende d'entreprises de haute qualité, où les flux de trésorerie (cash flow) sont en croissance durable. Je recommanderais une pondération plus élevée en titres à dividendes américains et internationaux afin de compléter la base d'un portefeuille en titres à revenus canadiens.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Chez Guardian Capital, nous sommes beaucoup plus investisseurs en actions plutôt qu'en obligations dans une perspective des 10 prochaines années.

Entre autres, parce que la valeur des obligations à faible rendement risque d'être mise au défi lorsque surviendra une remontée des taux d'intérêt.

Par ailleurs, nous préférons les actions d'entreprises à bon potentiel de croissance du dividende en raison de leur meilleure performance habituelle en Bourse, surtout en période de volatilité des rendements et des revenus de placements.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Le marché semble vouloir ignorer la véritable falaise fiscale à laquelle seront confrontés les États-Unis après les prochaines élections nationales (en novembre).

De nombreuses décisions fiscales et budgétaires qui ont été repoussées à plus tard, comme la fin des réductions d'impôt et de taxes sur la masse salariale, la réduction des dépenses en soins de santé, le relèvement du plafond de la dette publique fédérale, etc.

Si ces décisions ne sont pas réglées bientôt, elles pourraient retrancher plus de trois points de pourcentage à la prochaine croissance du PIB de l'économie américaine.

En Bourse, pour le moment, l'attention est centrée sur les données à court terme de l'économie américaine. Mais je vois mal comment les États-Unis pourront continuer indéfiniment à éviter de faire face à leur problème de déficit.

Michele Robitaille est directrice générale de la gestion des placements en titres à revenus chez Guardian Capital LP, à Toronto. Cette firme gère un actif financier de près de 15 milliards qui provient de fonds d'investissement pour les particuliers et de mandats d'investisseurs institutionnels. Guardian Capital LP est la principale filiale d'exploitation de Guardian Capital Group dont les actions sont cotées à la Bourse de Toronto sous le symbole GCG.A.