On rêve tous d'être jeune, riche et en bonne santé, mais, soyons réalistes, ce n'est pas donné à tout le monde. Pourtant, Jérémie, de Trois-Rivières, y est parvenu. À 25 ans, il a encore toute la vie devant lui, est en super forme et, oui, on peut dire qu'avec un boulot comme le sien, il est relativement riche. Assez en tout cas pour avoir déjà accumulé 100 000$... dont il ne sait que faire.

«Cet argent stagne présentement dans mon compte de banque», dit le jeune homme, conscient qu'il n'est jamais très bon d'avoir de l'argent qui dort.

Il est vrai que Jérémie est à l'âge des projets. Un de ceux qui le préoccupent présentement concerne son emploi. Il bosse dans les médias, et il est probable qu'il soit muté éventuellement à Montréal. Le problème, c'est qu'il ne sait pas quand exactement. D'ici un an? Possible, mais ça peut être plus tôt ou plus tard.

Cette incertitude entraîne chez lui une foule de questions d'ordre financier. Ainsi, s'il déménage à Montréal, devrait-il acheter un triplex, un duplex, un condo, et utiliser ses économies comme mise de fonds? Vu les prix actuels de l'immobilier et le fait qu'il ne soit pas très doué manuellement pour les rénovations, il n'est pas sûr que ce soit une bonne idée.

«Ne serait-il pas plutôt sage que je demeure locataire et que j'utilise cet argent à d'autres fins?», demande-t-il.

Actuellement, il occupe un logement qui lui coûte environ 500$ par mois. En déménageant, il sait qu'il devra payer un peu plus cher. Il en a les moyens, son salaire lui rapporte 90 000$ par année.

Le jeune homme n'a pas de dettes et ne possède aucun bien de grande valeur, hormis une voiture achetée comptant, l'an dernier, au prix de 36 000$. Bref, à part son 100 000$, il ne possède rien d'autre: pas de REER ni de placements non enregistrés. Tout comme sa conjointe, d'ailleurs, elle aussi âgée de 25 ans, toujours aux études, et qui n'aura vraisemblablement pas grand-chose à investir avant plusieurs années.

Planification fiscale avant tout

Alors, comment démêler tout cela?

Première chose à faire, une petite planification financière, de façon à profiter des avantages fiscaux disponibles, indique Martin-Charles Plouffe, conseiller en placement et planificateur financier à la Financière Banque Nationale.

Comme Jérémie a des droits de cotisation REER non utilisés, le spécialiste lui suggère de contribuer au régime pour 22 616$, soit son maximum admissible pour 2011. Il devrait aussi utiliser un Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP), puisque sa conjointe est encore aux études. Ce programme permet à des étudiants inscrits à temps plein - de même qu'à leur conjoint - de retirer jusqu'à 10 000$ par année de leur REER, sur une période de quatre ans, jusqu'à un maximum de 20 000$.

«Il se retrouvera ainsi à payer une majeure partie des études avec des retours d'impôts», explique M. Plouffe.

Ensuite, Jérémie devrait maximiser ses REER tous les ans en préparation d'un éventuel Régime d'accession à la propriété (RAP). Ce programme permet de retirer des fonds du REER pour acheter une maison.

Acheter ou louer?

Maintenant pour la maison, acheter ou louer? Martin-Charles Plouffe rappelle qu'un endroit pour se loger représente des coûts et non un investissement. Même une maison complètement payée représente des coûts, car il faut additionner les taxes, les assurances, les entretiens et réparations, et le coût d'opportunité (rendement non réalisé) du capital qui dort.

Le spécialiste note également que les récentes années au Canada ont procuré des appréciations importantes pour la plupart des valeurs immobilières. Cette situation a réduit sur papier les coûts de se loger pour la plupart des propriétaires.

«Mais rien ne dit que les taux d'intérêt ne remonteront pas et que les valeurs immobilières ne finiront pas par baisser», dit-il.

De plus, souligne M. Plouffe, si on considère que les taux d'intérêt sont historiquement très bas, que les valeurs immobilières varient de façon inverse à la direction des taux d'intérêt, que le marché de l'emploi se détériore au Québec et que les taux d'endettement des Canadiens sont en général élevés, la décision d'acquérir de l'immobilier en ce moment vient avec un niveau de risque important.

«Pour toutes ces raisons, la décision d'attendre avant d'acheter est probablement la bonne.»

En Bourse?

Maintenant, si Jérémie tient absolument à devenir propriétaire rapidement, alors il devrait de considérer l'achat d'un triplex, la raison étant que la portion résidence principale représente généralement 33% de la superficie en moyenne et qu'il aura deux locataires pour l'aider aux paiements hypothécaires. Même raisonnement s'il achète un duplex: la portion résidence principale représente généralement 50% de la superficie en moyenne et et aura un locataire pour l'aider à payer ses mensualités.

Quant à acquérir une maison ou un condo, le planificateur le lui déconseille, parce que 100% des coûts sont assumés par le propriétaire.

Évidemment, si Jérémie décide de louer, il devra investir ses surplus d'économies quelque part. En Bourse? Les plus sceptiques diront que les marchés boursiers ont connu 10 ans de rendement pratiquement nul alors que l'immobilier et les obligations ont très bien fait pendant cette période. C'est vrai, rétorque M. Plouffe, et c'est justement LA raison pour laquelle Jérémie devrait investir à long terme les marchés boursiers et obligataires. D'abord, pour diversifier ses types d'actifs, mais également parce le moment est probablement bien choisi.

Petit bémol cependant, Jérémie ne devrait pas se lancer en Bourse tout de suite, tout simplement parce qu'il n'a pas encore pris la décision de déménager, et de louer ou d'acheter. À court terme donc, des placements garantis (CPG et dépôts à terme) seraient plus appropriés. Ce n'est qu'une fois qu'il sera fixé sur son prochain domicile qu'il pourra investir selon sa tolérance au risque.