Martin et Sonia sont mariés depuis 16 ans et ont deux enfants âgés de 13 et 14 ans. Ils ont acheté en 1995 un duplex construit en 1950. «Afin de rénover la cuisine et la salle de bains, nous aurions besoin d'environ 40 000$», expliquent-ils.        

L'immeuble, grevé d'un solde hypothécaire de 87 000$, vaut environ 375 000$. Il reste deux ans au terme de cinq ans actuel, et six ans pour compléter le remboursement.

Martin et Sonia songent à contracter immédiatement un prêt personnel de 40 000$ pour les rénovations, qu'ils rembourseraient dans deux ans en ajoutant la somme à l'hypothèque lors du prochain renouvellement. Ils pourraient également renégocier immédiatement l'hypothèque, y ajouter les 40 000$ de travaux, avec un au taux pondéré de 5,85 %. Ils précisent qu'ils toucheront 4000$ en remboursement d'impôt et qu'ils ont mis de côté 1000$ en obligations d'épargne.

Le couple, qui gagne 130 000$ par année, a une autre préoccupation. «Nous avons un très bon revenu familial, mais on a souvent l'impression que nous n'avons jamais d'argent, confient-ils. On se demande comment les autres font pour aller dans le Sud dans le temps des Fêtes!»

Oh! Un espace budgétaire!

Martin et Sonia auraient pu contracter une marge de crédit pour financer les travaux. Mais puisqu'ils n'ont encore aucun fonds d'urgence, le planificateur financier Pierre D'Argenzio, de RBC Gestion de patrimoine, leur recommande plutôt qu'une marge de crédit de 15 000$ à 30 000$ soit réservée comme coussin de sécurité. Dans un deuxième scénario, il envisage un prêt personnel de 40 000$, au taux d'intérêt de 7,96%, dont le remboursement est étalé sur sept ans pour limiter la pression sur le budget. Le solde hypothécaire de 86 270$, au taux d'intérêt actuel de 5,35%, serait lui aussi amorti sur la même période. Au terme de ces sept ans, le couple aurait payé 29 115$ en intérêts.

Mais, comme ils le suggèrent, Martin et Sonia pourraient également renégocier leur prêt hypothécaire actuel avant terme, et y ajouter les 40 000$ nécessaires aux travaux. Au taux d'intérêt pondéré de 5,85% que leur prêteur leur a calculé, les intérêts totaliseraient 27 195$ au terme des sept ans. On peut faire mieux.

Pierre D'Argenzio suggère plutôt de «rompre l'hypothèque actuelle de 86 272$, y ajouter 40 000$ pour les rénovations et financer la pénalité de 4100$ dans une nouvelle hypothèque». Cet emprunt de 130 372$ pourrait se négocier présentement pour un taux de 4,34%. Après sept ans, les intérêts s'élèveraient à 20 585$. En tenant compte de la pénalité de 4100$, cette stratégie coûterait respectivement 4400$ et 2100$ de moins que les deux scénarios précédents.

Les paiements à intervalle de deux semaines passeraient ainsi de 653$ à 830$, soit un supplément de 384$ par mois.

Or, le couple affirme être déjà à la limite de son budget. Mais est-ce bien le cas? Martin et Sonia estimaient leurs dépenses à 5000$ par mois. Le petit exercice arithmétique de Pierre D'Argenzio -les revenus nets mensuels moins l'épargne résiduelle de 100$ par mois- montre que leur budget taquine en fait les 6000$. La différence? Des dépenses discrétionnaires de tous ordres, qui ont surpris les deux conjoints mais qu'ils affirment néanmoins pouvoir supprimer. Une fois payé le supplément hypothécaire de 384$, cet effort de discipline libérerait quelque 615$ par mois, que notre planificateur va trouver à employer utilement.

Le couple se préoccupe des études universitaires de ses enfants. Pour être admissible aux subventions au Régime enregistré d'épargne-études (REEE) entre 15 et 17 ans, il faut avoir cotisé 100$ par année pendant les quatre ans précédant l'année du 15e anniversaire du bénéficiaire -trop tard pour les enfants de notre couple. Ou encore, il faut que 2000$ aient été versés au REEE avant le 31 décembre de l'année de son 15e anniversaire.

L'aîné aura 15 ans en 2011. Pour récupérer les droits inutilisés, notre planificateur propose de verser dès maintenant dans son REEE les 4000$ de remboursement d'impôt et les 1000$ déjà épargnés en obligations d'épargne, qui seraient appliqués aux années 2009 et 2010. Le futur étudiant recevrait en retour des subventions fédérale et provinciale totalisant 1500$.

Pierre D'Argenzio suggère en outre de rediriger l'épargne mensuelle de 100$ par mois en obligations d'épargne, pour consacrer plutôt un total de 416$ aux REEE des enfants, jusqu'à ce que le cadet atteigne 17 ans. En tenant compte des subventions, chaque enfant disposerait ainsi d'environ 5400$ par année pour trois années universitaires. Une fois les cotisations au REEE terminées et l'hypothèque remboursée, les sommes ainsi libérées seront consacrées à l'épargne-retraite. Les projections du planificateur montrent qu'avec leur régime de retraite d'employeur, Martin et Sonia pourront ainsi prendre leur retraite en conservant leur coût de vie actuel de 5000$ par mois.

Et les voyages? Le nouveau surplus de 1000$ par mois permet encore de consacrer environ 300$ à une épargne-voyage. Martin et Sonia pourront ainsi faire un voyage de près de 8000$ tous les deux ans.

Le coût réel? Une très solide discipline.