Comme de nombreux employés de la fonction publique fédérale, Christiane fait face à un dilemme. Âgée de bientôt 57 ans, travaille pour le gouvernement fédéral depuis 32 ans, dont 4 à temps partiel. «Je pense prendre ma retraite d'ici trois à cinq ans, probablement lorsque j'atteindrai mes 60 ans», déclare-t-elle.

Elle aura alors droit à une indemnité de départ, calculée sur la base d'une semaine de rémunération par année de service, jusqu'à concurrence de 30 ans.

Or, à la suite de récentes négociations, les indemnités de départ cesseront de s'accumuler dès l'entrée en vigueur de la nouvelle convention collective, ce printemps.

On propose trois options aux employés.

Christiane pourrait encaisser immédiatement son indemnité de départ en fonction de sa rémunération actuelle.

Elle pourrait plutôt l'encaisser au moment de son départ à la retraite au taux de rémunération alors en vigueur.

Enfin, elle pourrait faire un mélange des deux.

Le salaire actuel de Christiane est de 88 000$ par année. Elle détient 45 000$ en droits de cotisation au REER inutilisés. «Quelle option devrais-je choisir?» demande-t-elle.

Calcul comparatif

François Gagnon, planificateur financier chez Industrielle Alliance Valeurs mobilières, a d'abord établi à combien s'élèverait l'indemnité de départ de Christiane si elle la touchait maintenant. Christiane ne compte que 28 ans de service à temps complet, mais ses 4 ans à temps partiel équivalent à 2 années complètes, lui permettant ainsi d'atteindre le plafond de 30.

Elle gagne présentement 1692$ par semaine. Encaissée aujourd'hui, son indemnité de départ vaudrait donc 50 760$ (1692$ x 30).

Qu'en serait-il dans trois ans? Le salaire de Christine augmentera à raison de 1,75% en 2011, 1,5% en 2012 et 2% en 2013. Il aura donc atteint 1783$ par semaine au moment de sa retraite.

Ses 30 ans de service reconnus lui vaudront alors une indemnité de 53 490$.

Notre planificateur pose le problème: «Est-il préférable de prendre 50 760$ aujourd'hui ou 53 490$ dans trois ans?»

«Pour répondre à la question, poursuit-il, il faut tenir compte de l'impôt et du rendement auquel on pourrait placer l'allocation de retraite.»

L'indemnité de départ à la retraite est imposable. Toutefois, «en plus du droit de cotisation REER habituel, la loi de l'impôt permet de cotiser jusqu'à 2000$ supplémentaires par année de service antérieure à 1996 lorsqu'une allocation de retraite est reçue», rappelle François Gagnon.

Christiane a commencé à travailler pour le gouvernement en 1978. Ses 18 ans de service avant 1996 lui permettent donc de verser 36 000$ en REER.

Par ailleurs, Christiane a accumulé jusqu'à présent 45 000$ en droits de cotisation au REER inutilisés, ce qui couvrirait le reste de son indemnité de retraite.

Bref, l'indemnité et les revenus de placements qu'elle procurerait seraient soustraits de l'impôt... du moins jusqu'au retrait.

«Si on plaçait l'allocation de retraite reçue maintenant dans un certificat de placement garanti, on pourrait obtenir un taux garanti de 2,65% par année pour trois ans», observe François Gagnon.

Dans trois ans, soit au moment de sa retraite, les 50 760$ de Christiane se seraient gonflés à 54 903$.

«Comme ce montant de 54 903$ est plus élevé que l'offre que nous ferait le gouvernement à ce moment-là (53 490$), il est préférable de prendre l'allocation de retraite maintenant et de la placer», conclut le planificateur.

Retraite? Bénéficiant tous deux d'un régime de retraite avec leur employeur, Christiane et son conjoint Mario ont peu d'inquiétude à ce propos. En encaissant maintenant son indemnité de départ, Christiane détiendrait environ 130 000$ en REER. Mario, qui veut prendre sa retraite en 2012, a accumulé 70 900$. Ces épargnes, avec un rendement de 4%, suffiront à assurer jusqu'à 90 ans le revenu net de 80 000$ que le couple espère maintenir.

Échaudée par la crise de 2008, Christiane se demande comment bâtir un portefeuille de préretraite qui ne néglige pas les marchés boursiers. Entre autres recommandations, François Gagnon lui suggère, au cours des deux prochaines années, de placer 5000$ par année dans un des deux fonds de travailleurs, qui procurent un crédit d'impôt de 30 ou 40% en plus des déductions REER.

«Un crédit d'impôt de 40% est l'équivalent d'un rendement de 20% par année après impôts si on garde le placement deux ans, commente-t-il. Aucun placement garanti ne rapporte autant!»

Il fait deux mises en garde: si ces sommes sont investies durant l'année de la retraite, ou durant celle où une entente de préretraite est convenue, ces crédits seront refusés. Et puisqu'il s'agit de placements considérés risqués, ce seront les premiers à être décaissés au moment de la retraite.

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Correctif

Contrairement à ce que suggère cette analyse, Christiane ne pourra utiliser les droits de cotisation au REER de 2000 $ accordés pour chaque année de service avant 1996. En effet, ces droits supplémentaires ne s'appliquent que si l'indemnité de départ est encaissée au moment du véritable départ à la retraite ou à l'occasion de la perte d'un emploi.

« Le fond de la recommandation demeure le même en ce sens qu'il est financièrement plus avantageux de prendre l'allocation de retraite maintenant que dans trois ans, précise le planificateur financier invité, François Gagnon. Bien que la lectrice ait un peu d'impôt à payer maintenant, elle n'aura pas à le payer plus tard. »

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LA SITUATION

Christiane songe à prendre sa retraite dans environ trois ans. Avec la nouvelle convention collective, les indemnités de départ à la retraite cessent de s'accumuler. Les employés comme Christiane ont le choix : encaisser l'indemnité immédiatement, à raison d'une semaine de salaire par année de service, ou attendre à la retraite, où elle sera établie en fonction du salaire alors en vigueur.

«Donc, quelle option devrais-je choisir?», Christiane

LES DONNÉES

Christiane, 56 ans

Revenus: 88 000$

REER: 79 500$

CELI: 5000$

Droits de cotisation REER inutilisés: 45 000$

Mario, 60 ans

Revenus: 70 000$

REER: 70 900$

Aucune dette

L'ANALYSE

Avec un salaire de 1692$ par semaine, l'indemnité, encaissée immédiatement, totaliserait 50 760$. Trois ans plus tard, avec un intérêt de 2,65% par année, Christiane détiendrait 54 903$. Si elle attend trois ans pour l'encaisser, l'indemnité, avec un salaire hebdomadaire de 1783$, vaudrait 53 490$.

«Il est préférable de prendre l'allocation de retraite maintenant et de la placer.» François Gagnon CA, planificateur financier, Industrielle Alliance Valeurs mobilières