Une dizaine de ministres conservateurs devront se faire convaincants.

Conscient que les réductions d'impôts accordées aux entreprises risquent d'être un enjeu de taille durant la prochaine campagne électorale, le gouvernement Harper lancera un blitz cette semaine afin de souligner les retombées de cette mesure fiscale controversée.

Une dizaine de ministres du cabinet sillonneront le pays cette semaine afin de participer à des événements visant à vanter les avantages de ces réductions. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, sera la figure de proue de cette offensive demain à Toronto.

Les libéraux de Michael Ignatieff ont promis d'annuler les réductions d'impôts aux entreprises s'ils prennent le pouvoir aux prochaines élections. À terme, ces réductions priveront le fisc de 6 milliards de dollars en revenus, alors qu'Ottawa est toujours aux prises avec un déficit de 45 milliards de dollars. Le taux d'imposition des entreprises est passé de 18% à 16,5% le 1er janvier et il sera ramené à 15% le 1er janvier 2012.

Une mesure essentielle

Dans une note interne remise au caucus conservateur, en fin de semaine, on invite aussi tous les députés du gouvernement Harper à participer à cette offensive. On affirme que les réductions d'impôts accordées «aux créateurs d'emplois» sont essentielles à la relance de l'économie canadienne.

«Michael Ignatieff et sa coalition comprenant le NPD et le Bloc québécois font beaucoup d'efforts pour diffuser de la désinformation sur notre plan de réduction des impôts pour les créateurs d'emplois en plus de diffuser leur plan afin de les augmenter. Nous ne pouvons pas les laisser l'emporter», affirme-t-on dans la note interne de quatre pages obtenue par La Presse hier.

«Michael Ignatieff dit que nos réductions d'impôts ne font qu'avantager les grandes entreprises. C'est totalement faux. (...) Nous savons que ces attaques et allégations non fondées de l'opposition ne reflètent qu'un opportunisme politique. Cependant, elles illustrent un fait patent: Michael Ignatieff n'a aucun plan pour créer des emplois et de la croissance économique, mais il en a certes un pour hausser les impôts des familles, des travailleurs, des aînés et des créateurs d'emplois», ajoute-t-on.

Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre John Baird, a mis la table hier à cette offensive du gouvernement Harper. En conférence de presse, le ministre a affirmé que les réductions d'impôts aux entreprises ont déjà permis d'attirer de nouveaux investissements étrangers et de créer des emplois. «Nous réduisons le taux d'imposition des entreprises parce que ça va créer des emplois et de la croissance économique. (...) Nous devenons un aimant pour les emplois, l'investissement, les opportunités. (...) Ça faisait partie du plan d'action économique, il y a deux ans. Les partis de l'opposition ont appuyé ce plan d'action», a dit le ministre.

Mais le critique du NPD en matière de finances, Thomas Mulcair, s'est montré peu impressionné par cette offensive des conservateurs. «C'est de la poudre aux yeux. C'est une tentative de justifier l'injustifiable», a dit M. Mulcair, ajoutant que les grandes banques et les pétrolières, qui engrangent des milliards en profits, n'ont pas besoin d'une telle «manne» du gouvernement Harper.