La plupart des enfants ont déjà réfléchi à la façon de gérer leur argent. Certains en sont arrivés à des conclusions logiques, d'autres pas.

Amanda, âgée de 12 ans, croit qu'il est bon d'économiser et de ne pas dépenser tous ses avoirs en même temps «pour qu'on puisse s'acheter d'autres choses.»

Lorsqu'on l'interroge au sujet des cartes de crédit, Jérémie, du haut de ses 8 ans, conseille aux adultes de «signer et de renvoyer» leur facture mensuelle, en oubliant simplement de parler du paiement en lui-même.

Ces enfants sont encore loin du monde du travail, mais la relation qu'ils entretiendront plus tard avec l'argent, l'épargne et le crédit se développe en ce moment même.

Les Canadiens sondés par le groupe de travail national sur la littératie financière ont clairement exprimé leur volonté de voir plus de cours liés à l'économie faire leur entrée dans les écoles. Plusieurs citoyens ont confié qu'ils avaient eux-mêmes des difficultés à comprendre les questions financières.

Le groupe de travail s'est engagé à élaborer la première stratégie nationale de sensibilisation aux questions économiques et rendra publiques ses recommandations en décembre.

Le professeur d'économie Jeff Balch, de London en Ontario, soutient que ses élèves de niveau secondaire ne savent pas grand chose de l'argent; sauf comment le dépenser.

«Ils n'ont pas les connaissances de base parce que personne ne leur en parle», affirmé M. Balch, avant de pointer du doigt les parents.

«La discussion reste au niveau des critiques pour avoir dépensé trop d'argent. Personne ne leur dit pourquoi et où pourraient aller leurs économies.»

Jeff Balch, le directeur du département d'économie de son école, insère des notions économiques dans deux de ses cours.

Il aborde des sujets tels que le coût de l'éducation post-secondaire, les moyens de la financer et les dépenses nécessaires à un déménagement hors du cocon familial.

«Ça leur ouvre les yeux quant au prix réel des choses», plaide-t-il.

M. Balch enseigne aussi à ses élèves comment établir un budget ou économiser pour un voyage. Il passe plusieurs heures sur les cartes de crédit et sur les forfaits de téléphonie mobile, notamment pour montrer comment renégocier ces derniers.

Il s'agit de connaissances financières dont les jeunes ont besoin pour «survivre», selon lui.

«Personne n'en parle actuellement.»

Mitch Murphy, membre du groupe de travail national sur la littératie financière, indique que le message que son groupe a reçu de la part des élèves était simple: «on veut du concret.»

«Ca peut être difficile d'intéresser un jeune de 14 ou 15 ans à la planification de la retraite», affirme-t-il à partir de Summerside, sur l'Île-du-Prince-Édouard.

«Mais si vous voulez parler des questions financières qui se cachent derrière un contrat de téléphonie mobile ou une carte de débit - des choses qui les touchent directement - ils se sentiront impliqués.»

M. Murphy soutient que l'acquisition hâtive de connaissances de bases concernant les questions financières, bien avant l'entrée sur le marché du travail, bénéficiera aux Canadiens et au Canada.

«D'abord et avant tout, le but est d'aider les individus. Le résultat collectif, quant à lui, renforcera notre économie et notre pays», lance-t-il.

Un récent rapport élaboré par Services économiques TD conclut que le niveau d'endettement des ménages canadiens croît plus rapidement que celle des foyers américains. Selon le document, cette dette moyenne continuera à prendre du poids en raison des faibles taux d'intérêts qui encouragent les individus à dépenser plus qu'ils ne le pourraient autrement.

Le Manitoba et l'Ontario inclueront des connaissances économiques de base dans leurs cours obligatoires dès septembre 2011. Mitch Murphy tient à noter que le groupe de travail national veut respecter le caractère provincial de l'éducation.