Carole a pris un congé différé de six mois, pendant lequel elle touche 90 % de son revenu. Âgée de 53 ans, elle est adjointe administrative dans un milieu exigeant.

«J'ai fait cette pause pour me reposer, bien sûr, mais aussi pour savoir si j'aimerais la situation de retraitée», indique-t-elle.

Elle y a pris goût. «Je veux savoir si monétairement je peux me permettre de cesser de travailler à 60 ans plutôt qu'à 65 ans.»

Elle gagne 36 000$ par année et vit seule en logement. Si elle prend sa retraite à 60 ans, elle recevra 44,6% de son salaire, et 54,6% si elle la reporte à 65 ans. Elle détient 30 000$ en REER, dans lequel elle ajoute 4000$ par année.

«J'ai commencé à investir plus massivement un peu avant la cinquantaine car je me suis aperçue que ma pension serait petite», explique-t-elle. Elle a accumulé en outre 5000$ en CELI et 10 000$ en placements non enregistrés.

«Est-ce suffisant?, demande-t-elle. Est-ce que je vivrais trop serrée? À ma retraite, je veux avoir un petit chien, lorsque mes chats ne seront plus là.»

Planification... vétérinaire

La planificatrice financière Marguerite Pernice, de Banque Nationale Groupe financier, a d'abord estimé le coût de vie de Carole. «Je dépense tout mon salaire», indique celle-ci. En tenant compte de la cotisation annuelle de Carole à son REER, la planificatrice estime ses dépenses courantes à 25 000$ par année.

En conformité avec les normes de projection de l'Institut québécois de planification financière, elle applique une indexation au coût de la vie de 2,25% sur les revenus et dépenses, ainsi qu'un rendement de 3,5% sur les prudents placements de Carole.

Peut-elle prendre une retraite à 60 ans? Mauvaise nouvelle. Même en travaillant deux jours par semaine entre 60 et 65 ans, Carole épuiserait trop rapidement ses épargnes, qui se résumeraient à 82 000$ à 60 ans. «Elle manquerait d'argent à 78 ans», observe la planificatrice, un âge où la probabilité que Carole soit encore en vie excèderait 80%.

Marguerite Pernice a refait l'exercice en reportant la retraite à 65 ans. Elle maintient le coût de vie indexé de 25 000$, et suppose que l'épargne annuelle de 4000$, indexée elle aussi, se maintiendra jusqu'à la retraite. « Cette simulation amènera un épuisement du capital au moment où Carole aura atteint l'âge de 85 ans, en 2042, alors qu'elle aura 60% de chances d'être encore en vie », indique la planificatrice. Les risques de survivre à son capital sont encore trop élevés.

Une troisième simulation présume que le coût de vie indexé de 25 000$ serait réduit de 10% à la retraite - une ponction semblable au congé différé de Carole. «Il est tout à fait réaliste et plausible de croire qu'une légère réduction des dépenses aura lieu suite à la prise de la retraite», observe notre conseillère.

Cette simulation amène un épuisement du capital à 100 ans, un âge très vénérable que Carole aurait moins de 10% de chances de dépasser.

Mais y a-t-il un espace pour un chien dans ce budget réduit? La réponse vient en partie des chats de Carole, qui ont présentement cinq ans. L'Institut québécois de planification financière ne propose aucune table de longévité féline, mais on peut raisonnablement penser qu'ils seront décédés dans 12 ans, à la retraite de Carole. Le chiot pourra alors occuper l'espace budgétaire libéré par les deux chats, qui coûtent actuellement environ 1000$ par année.

Le Dr Michel Pépin, directeur de l'Association des médecins vétérinaires du Québec, estime les coûts d'un petit chien entre 2000$ et 2500$ pour la première année. Les frais incluent notamment 500$ pour l'achat d'un chien de qualité, 250$ à 500$ pour les accessoires (collier, laisse, cage, etc.), 250$ pour un cours de dressage, 500$ pour la nourriture et de 500$ à 1000$ pour les soins vétérinaires. Les années subséquentes, la nourriture, les soins vétérinaires et le toilettage coûteront environ 2000$.

En somme, le petit chien pèsera sur le budget de quelque 1000$ de plus que les deux chats actuels. Où les trouver?

Marguerite Pernice suggère d'alléger de 750$ à 1000$ la compression budgétaire de 10% durant la retraite. Le capital de Carole s'épuiserait alors quelques années avant ses 100 ans... ce qui n'est pas demain la veille!

La retraite de Carole est repoussée à 65 ans, mais un chien y trouvera une place.