Le dévoilement des premiers résultats financiers de sociétés américaines au troisième trimestre laisse entrevoir un autre trimestre sous le signe de la croissance des profits.

La tendance positive sera plus marquée au sud de la frontière qu'elle ne le sera au Canada, qui ne profite pas de l'effet de la dévaluation de sa devise, contrairement à son voisin.

Dans ce contexte, les investisseurs sont avisés de surpondérer la partie actions de leur portefeuille en privilégiant les secteurs cycliques.

Cette semaine, quatre poids lourds en provenance de trois secteurs de l'économie ont dévoilé des résultats supérieurs aux attentes des analystes. Les autres gros canons du S&P se feront entendre au cours des deux prochaines semaines.

Alcoa, géant de l'aluminium, la ferroviaire CSX, Intel, leader des micro-processeurs et la banque JP Morgan, ont surpris le marché avec des profits par action plus importants qu'anticipés.

« Ce sont des signaux importants, dans des secteurs majeurs de l'économie américaine », souligne Vincent Delisle, stratège chez Scotia capitaux.

Pour sa part, GE a aussi surpassé les prévisions, bien que ses profits et ses ventes aient baissé au 3e trimestre par rapport à la même période l'an passé.

Ces résultats suivent le rythme imposé par les Oracle, Nike, Carnival et Best Buy qui ont tous battu les prévisions des analystes pour le trimestre s'étant terminé en août.

« Il y a une reprise aux États-Unis, modeste et décevante, mais il y a une reprise. Le meilleur signal qu'on peut avoir, c'est via l'amélioration de la profitabilité des entreprises », soutient-il.

De son côté, Martin Roberge, stratège quantitatif chez Dundee valeurs mobilières, a retenu la performance d'Intel. « Ses résultats nous disent que les entreprises ont recommencé à investir en technologie. »

La reprise des investissements par les entreprises est essentielle, selon lui, à la poursuite de la reprise, parce que le consommateur américain a le portefeuille trop léger pour dépenser.

Soulignant que les entreprises non financières de la planète sont assises sur un trésor de 4000 milliards de dollars US (12 zéros !), il s'attend à voir des signes tangibles de ce réinvestissement dans les résultats financiers du troisième trimestre.

Or, ceux-ci s'annoncent prometteurs et voici pourquoi.

L'économie mondiale croît

Les craintes de l'été cristallisées par la crise grecque et la crise de l'euro semblent s'être dissipées jusqu'à nouvel ordre.

La croissance mondiale se chiffrera à 4,6 % en 2010 et à 4,2 % en 2011, rappelle Ed Sollbajch, stratège chez Desjardins, dans sa note d'octobre.

Le quart des revenues des sociétés du S & P 500 proviennent de l'étranger, d'après Scotia capitaux.

Les entreprises brassant des affaires dans les pays émergents dont l'économie est vigoureuse affichent de meilleurs profits que les sociétés exclusivement tournées vers le marché intérieur américain, expliquait le Wall Street dans la foulée des résultats d'Alcoa.

Les avertissements sur les résultats sont rares

L'absence de mauvaise nouvelle constitue une excellente nouvelle. Pierre Lapointe, stratège global chez Brockhouse Cooper, n'a recensé que 161 avertissements parmi les sociétés américaines pour ce trimestre, un niveau plancher record.

« Les dirigeants d'entreprises sont moins pessimistes que par le passé. Ça augure très bien pour la saison des resultats », en conclut-il.

Les prévisions de profit sont teintées de prudence

Au sortir d'une récession, les analystes échaudés sont timorés quant aux perspectives de profit. En moyenne, depuis 15 ans, 64 % des entreprises battent leurs prévisions de profit. Depuis le premier trimestre 2009, depuis six trimestres donc, ce pourcentage oscille entre 75 et 80 %,

Les marges ont pris du muscle

« L'amélioration des marges d'exploitation des entreprises est le secret le mieux gardé depuis plusieurs trimestres », soutient Vincent Delisle.

Les entreprises ont coupé dans leurs dépenses, licencié du personnel, réinvesti en machinerie, mais ont encore très peu réembauché. Les marges de profit ont pris du muscle.

Illustration du phénomène : les sociétés qui ont dévoilé des résultats en septembre ont connu une progression des ventes de 1 % en moyenne, tandis que les profits avançaient de 9 %.

La dépréciation du billet vert dope les exportations américaines et les ventes

La faiblesse du dollar favorise l'essor des exportations et la croissance des revenus des sociétés américaines.

Avec une monnaie affaiblie, les exportateurs américains deviennent plus concurrentiels et leurs ventes libellées en devises étrangères rapportent davantage une fois converties en dollar.

Depuis juin, le billet vert a baissé de 12 % face aux principales devises, un avantage que le Canada n'a pas.

Parlant du Canada, les résultats financiers commenceront à être publié 10 à 15 jours plus tard qu'aux É.-U.. La croissance des profits y devraient être moins spectaculaire, croit Vincent Delisle. L'effet de la devise ne joue pas. De plus, les assureurs, qui pèsent lourd dans l'indice TSX, souffrent des bas taux d'intérêt, dit-il.

D'un autre côté, le prix des matières premières suit la tendance inverse du dollar US. Pays de ressources, le Canada profitera de l'inflation des prix dans ce secteur.